« Je ne fais pas partie de la génération de Mamadou Moustapha Ba qui nous a quittés ce lundi 04 Octobre 2024, avant d’atteindre ses 59 ans ».
Être natif du département de Nioro du Rip m’a fait l’honneur de prononcer quelques paroles de témoignages et d’hommage à l’ancien ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba. J’entends d’abord rendre hommage à la personne de Mamadou Moustapha BA, témoigner de la générosité hautement humaine à sa mémoire et exprimer les sentiments d’estime, d’admiration, de fraternité et d’amitié de tous ceux qui l’ont connu et approché, ont travaillé sous ses ordres et savent ce qu’ils lui doivent. Je me propose aussi de faire œuvre d’histoire en rappelant ses principales initiatives et en évaluant ce que fut son rôle dans les grandes fonctions qu’il exerça au sein de l’État du Sénégal entre 1992 et 2024, voire 32 ans au service de la Nation.
Au Ministère des Finances et du Budget, vous avez été apprécié pour vos qualités professionnelles, votre capacité de travail, le management participatif que vous avez réussi à instaurer au sein de vos équipes et surtout pour vos immenses qualités humaines. C’est durant votre passage à la tête du Ministère des Finances et du Budget que d’importantes réformes ont été adoptées pour améliorer la santé des finances du Sénégal, l’intermédiation financière des banques ou stimuler le marché financier ; toutefois les résistances des groupes de pression étaient très puissantes et la tâche qui vous revenait était particulièrement ardue. Mamadou Moustapha BA aimait profondément son pays, le Sénégal, son terroir, Nioro du Rip et avait toujours souhaité les servir dans les sommets de l’État, car il était porté par la conviction que les changements de structure devaient être impulsés par le sommet, tout en étant expliqués et justifiés. Il n’a pas toujours été écouté et suivi mais sa détermination à propulser notre pays aux avant-postes n’avait jamais été altérée.
Sa fonction de Ministre des Finances et du Budget fut un véritable sacerdoce dont il a pu s’acquitter grâce à son sens du compromis, de la synthèse et sa capacité à transcender les conflits mineurs afin de conserver au au Ministère son magistère intellectuel et moral. Cette capacité d’adaptation à des fonctions aussi variées révèle le généraliste et exauce un des vœux qui ont présidé à la création de l’École nationale d’administration : préparer les futurs commis de l’État à des rôles aussi différents que ceux correspondant à des fonctions régaliennes. Les réussites de cette carrière éblouissante s’expliquent assurément par les qualités personnelles de Mamadou Moustapha BA : en particulier une volonté d’agir, une détermination à innover qui faisaient de lui un visionnaire. Il est aussi éminemment représentatif d’une génération de hauts fonctionnaires qui avaient une conception exigeante du service public et se faisaient une idée ambitieuse du rôle de l’État dont ils pensaient que c’était à lui de définir le bien public et d’intervenir pour le réaliser.
Je garde de Mamadou Moustapha BA le souvenir d’un homme d’une rare bienveillance, dont la porte du bureau était toujours ouverte, plein d’empathie à l’égard de toutes celles et de tous ceux qui traversaient épreuves et tragédies, alors que lui ne parlait jamais de ses doutes, de ses angoisses de ses appréhensions et enfin de cette terrible maladie qui l’a emporté. Un grand homme est parti ! Une grosse perte pour le Sénégal.
Que le Tout puissant lui accorde toute sa miséricorde et son pardon et l’accueille en son vaste paradis. J’adresse mes condoléances les plus attristées et les plus émues à son épouse, ses enfants et petits-enfants, à tous concitoyens, à toute la République du Sénégal et tout le département de Nioro du Rip.
Demba Thioune Jr., Journaliste et Analyste Politique