L’enquête menée par la Division des investigations criminelles (Dic), à la suite du rapport de l’Inspection générale des Finances (Igf) sur le PRODAC (Programme des domaines agricoles), a mis en lumière des actes de délinquance financière d’une gravité notable.
Après deux renvois devant le parquet, Mamina Daffé, ancien coordonnateur du Prodac, et Ibrahima Cissé, gérant de la société Tida, seront présentés ce lundi à un juge du pôle financier. Ils sont accusés de « faux et usage de faux en écritures privées, escroquerie portant sur les deniers publics, complicité, détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux ».
1,319 milliard payé à la société Tida sur la base de fausses factures
Selon le journal Libération, l’information judiciaire pourrait être étendue à d’autres responsables, suite à la plainte déposée par l’Agent judiciaire de l’État. Le même journal indique que la société Tida, engagée pour le transit et le transport des équipements du Prodac, n’avait en réalité aucune expérience en la matière. Pire, elle aurait perçu la somme de 1,319 milliards de francs CFA sur la base de fausses factures.
Lors de son audition, l’ancien coordonnateur du Prodac, Jean-Pierre Senghor, a dénoncé l’Incoterm CIF intégré dans le contrat clé en main avec Green 2000. Ce choix aurait généré des coûts supplémentaires pour le Prodac, coûts qui, selon lui, auraient dû être supportés par Green 2000. Jean-Pierre Senghor a également révélé qu’il ignorait l’existence d’un contrat entre le Prodac et Tida pour le transport des équipements avant d’en prendre connaissance lors de l’enquête.
Ibrahima Cissé passe aux aveux, Mamina Daffé évoque une négligence»
Ibrahima Cissé, de son côté, a reconnu devant les enquêteurs qu’il n’avait pas d’agrément pour le transit et qu’il avait dû sous-traiter le marché. Il a également reconnu aussi qu’il majorait les factures aussi bien sur les débours (frais de dédouanement, transport) que sur la rubrique prestation. Mieux, Ibrahima Cissé a confessé que Mamina Daffé savait bel et bien que sa société n’avait aucun agrément société de transit.
Mamina Daffé a d’abord été interpellé sur le paiement de la quatrième tranche de l’avance de démarrage à Green 2000 sans le versement de la caution. D’après lui, ce serait un système de paiement qu’il aurait trouvé sur place.
Mamina Daffé a aussi tenté de se blanchir par rapport aux griefs de l’igf concernant les demandes de paiement d’un montant de 6.818.541.823 Fcfa (six milliards huit cent dix-huit millions cinq cent quarante et un mille huit cent vingt-trois) validées au profit de Green 2000.
Les enquêteurs n’ont pu auditionner ni Daniel Pinhassi, représentant de Green 2000 au Sénégal, ni l’ancien ministre Mame Mbaye Niang, tous deux absents du territoire national.
D’après Libération, d’autres révélations explosives ont été faites par Khadim Ba qui avait été extrait de prison puis entendu. Face aux enquêteurs, il a informé que le financement de Locafrique a été totalement exécuté et que l’Etat lui a même remboursé ses fonds.
Concernant les manquements relevés, sur les conditions de paiements effectués au profit de Green 2000 notamment le défaut de la caution correspondante et les différentes garanties exigées (garantie de bonne exécution, retenue de garantie, garantie de performance, la redevance de régulation), Khadim Ba a expliqué qu’en tant que partenaire financier, son rôle se limitait conformément à l’article 5 du contrat de financement, à exécuter les demandes de paiements que lui transmettaient les coordonnateurs du Prodac.
Cependant, il a renseigné avoir alerté à un moment donné, sur certaines irrégularités. En effet, il a pointé du doigt des soupçons de surfacturation. Car Khadim Ba dit avoir remarqué une différence de prix entre certains équipements livrés par Green 2000 et ceux qu’il avait déjà achetés dans le cadre de projets agricoles financés par Green 2000.
Il a ajouté que lors d’une visite sur le site, les matériels et équipements trouvés sur place, étaient dérisoires par rapport à la somme de 12 milliards FCA, qu’il avait déjà décaissée.