En l’espace de seulement deux semaines, Amadou Ba de Pastef est tristement entré dans l’Histoire juridique et politique du Sénégal. Doublement.
D’abord, le 02 avril 2025, la majorité mécanique de son parti a adopté une « loi interprétative » portant son nom qui sera enseignée dans toutes les facultés de Droit du monde entier comme l’anti-exemple de ce que doit être une loi : générale et impersonnelle car ne visant personne. Or, non seulement sa loi protège des malfaiteurs sous prétexte de « motivation politique » mais elle vise ouvertement une catégorie de citoyens. Alioune Ndao de son parti, ancien procureur et membre de la Haute Cour de justice a été plus que clair : « la loi ne vise pas les FDS. Ce sont les commanditaires qui sont visés en premier lieu. Commençant par le président de la République (Macky Sall), le ministre de l’Intérieur (Antoine Diom), le ministre des Forces armées (Sidiki Kaba). » Ceci est le contraire exact des principes élémentaires de la légistique (science de la rédaction des textes de loi). « Les commanditaires en premier lieu », qui d’autres en second, troisième et quatrième lieux ?
La « Loi Amadou Ba » sera enseignée dans les universités du monde comme une loi scélérate contraire à l’esprit d’une loi sérieuse. Une loi ne doit jamais viser une catégorie de personnes ni en couvrir une autre. Elle nous rappelle les pires législations de ce qu’il y a de pire dans l’Histoire humaine : les lois légitimant l’esclavage, le colonialisme, l’apartheid, la ségrégation, le nazisme.
Ensuite, il est le premier Sénégalais ouvertement désavoué par le Conseil constitutionnel. Prétendant que le Président Macky Sall avait sollicité l’avis du Conseil constitutionnel sur la possibilité d’un troisième mandat, il leur a adressé une correspondance pour en demander copie. Le Conseil a été catégorique dans sa réponse du 17 avril 2025 : aucune demande d’avis dans ce sens n’a jamais eu lieu. Or, le Député Amadou Ba affirmait que « lors d’un colloque en France, le défunt président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, a révélé que le Conseil constitutionnel avait été saisi par le Président Macky Sall sur la possibilité de sa troisième candidature à l’élection présidentielle de 2024 ». Sans jamais apporter les preuves de ces propos lors de ce colloque.
Macky Sall a tenu parole. Il a dit et écrit qu’il ne ferait pas de troisième candidature. C’est ce que l’Histoire retiendra, quelle que soient les tentatives de lui faire dire autre chose.
Amadou Ba n’est pas le premier Pastéfien à faire dire à un mort des choses graves sans jamais en apporter la preuve. Le porte-parole du Gouvernement, Moustapha Sarré, en a fait de même avec le défunt ministre des Finances, Mamadou Moustapha Ba, à qui il fait dire qu’il avait accepté devant le président de la République et le Premier que les comptes publics du Sénégal avaient été falsifiés. Il n’en a jamais apporté les preuves et l’ANSD vient de le désavouer publiquement en confortant les chiffres du défunt ministre.
Messieurs, laissez les morts se reposer, SVP!
Etre au pouvoir, c’est travailler pour entrer de la meilleure des manières dans l’Histoire. C’est ce que ne semble pas comprendre nombre de tenants du pouvoir. Et l’Histoire est impitoyable à leur égard.
Mamadou Sy Tounkara