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Riz, milliards et blanchiment : les dessous d’un scandale financier entre Dakar, Dubaï et New Delhi

Une enquête de la CENTIF met à nu un système complexe de flux financiers douteux impliquant des sociétés dirigées par des ressortissants indiens. Montant en jeu : près de 40 milliards FCFA.

🔍 Un réseau international de sociétés-écrans

C’est un véritable thriller financier qui se joue dans les coulisses de l’importation de riz au Sénégal. Selon des informations exclusives publiées par le journal Libération, la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) a levé le voile sur ce qui semble être une vaste opération de blanchiment d’argent, avec des ramifications à Dakar, Dubaï, New Delhi, la Côte d’Ivoire et la Turquie.

Au cœur du dossier : trois sociétés — Prime Suarl, San Suarl et Saint-Louis Trading Sarl. Les deux premières, enregistrées au Sénégal, sont dirigées par des ressortissants indiens : Rachit Jain, Arun Kumar Jain et Sachdeva Neeraj. Officiellement, ces structures opèrent dans le commerce alimentaire, mais les chiffres révèlent une autre réalité.

📊 40 milliards FCFA en huit mois… sans justification

Les mouvements bancaires analysés par la CENTIF sont vertigineux :

  • 39 milliards FCFA de flux financiers pour Prime Suarl
  • 1,1 milliard FCFA pour San Suarl
    Le tout en seulement huit mois d’activité.

Problème : aucun document solide ne justifie ces mouvements. Pire encore, certains documents fournis pour des transactions distinctes sont copiés-collés mot pour mot, un détail qui a fini par alerter les banques, lesquelles ont parfois rétrogradé des virements vers leurs pays d’origine.

🍚 Une activité commerciale loin des montants brassés

Si ces sociétés affirment importer du riz, les chiffres d’importation sont dérisoires comparés aux flux financiers :

  • Prime Suarl n’a importé que 4813 tonnes de riz en 2016 pour 613 millions FCFA.
  • San Suarl totalise 3,05 milliards FCFA d’importations sur trois ans (2016, 2018, 2019).

La disparité entre les fonds entrants et les opérations commerciales réelles pose une question clé : à quoi servaient réellement ces milliards ?

🧾 Fisc invisible, douanes contournées

Autre révélation explosive : ni les dirigeants des sociétés, ni les entreprises elles-mêmes n’existent dans les fichiers fiscaux de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID).

  • Aucune déclaration fiscale
  • Comptes fiscaux fermés
  • Aucune domiciliation bancaire conforme à la réglementation UEMOA

Cela renforce les soupçons de fraude fiscale massive, de dissimulation de revenus, et d’évasion fiscale à grande échelle.

🌐 Des partenaires silencieux à l’étranger

L’enquête de la CENTIF s’est élargie à plusieurs pays. Mais les Cellules de renseignement financier contactées en Côte d’Ivoire, Inde, Turquie et Émirats arabes unis sont restées muettes. Aucun profil, aucune donnée, aucun historique sur les sociétés ou les individus mis en cause. Un silence qui alimente le mystère.

🚨 Le fisc et les douanes en alerte maximale

Face à l’ampleur de l’affaire, la CENTIF a saisi les services des Impôts et des Douanes pour :

  • Vérifier la réalité des opérations commerciales
  • Identifier les infractions fiscales, douanières et de change
  • Auditer les flux avec les sociétés étrangères partenaires, notamment Terra Firma Commodities, pointée comme intermédiaire basé à Dubaï.

⚠️ Une affaire qui pourrait faire jurisprudence

Ce scandale pourrait bien faire date dans la lutte contre le blanchiment d’argent au Sénégal. Il met en lumière les failles d’un système où des investisseurs étrangers opèrent sous les radars, en exploitant les zones grises de la fiscalité, du commerce international et des régulations bancaires.

Les conclusions de l’enquête CENTIF sont attendues avec impatience. D’ores et déjà, l’affaire pose un défi majeur : comment renforcer les mécanismes de surveillance économique pour éviter que le Sénégal ne devienne une passerelle du blanchiment international ?

Affaire à suivre sur CNM.SN et CNM TV.

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