Dakar, 2 juin 2025 – Le député et président du mouvement La République des Valeurs, Thierno Alassane Sall, a adressé une question orale au ministre des Finances et du Budget sur la gestion jugée préoccupante de la dette publique du Sénégal. Dans un document détaillé, il dénonce une accumulation rapide d’emprunts sans transparence suffisante ni clarté sur leur affectation.
📈 Une dette en forte hausse : 1 694 milliards levés en un an
Selon les données officielles de l’Agence UMOA-Titres, le Sénégal a procédé à 70 émissions de titres de créance entre le 3 mai 2024 et le 30 mai 2025, mobilisant 1 694 milliards FCFA. Ces emprunts ont été contractés via deux instruments :
- 31 Bons Assimilables du Trésor (BAT), à court terme ;
- 39 Obligations Assimilables du Trésor (OAT), à moyen et long terme.
Cette prédominance des OAT est, selon Thierno Alassane Sall, le signe d’un recours excessif à l’endettement pour couvrir les dépenses de fonctionnement, au lieu d’être orienté vers des projets structurants à impact économique durable.
🚨 Une accélération inquiétante en 2025
Depuis le début de l’année 2025, 35 émissions ont été réalisées, soit autant qu’entre mai et décembre 2024. Les montants levés sur cette courte période s’élèvent déjà à 960 milliards FCFA, dépassant les 734 milliards mobilisés durant toute l’année 2024.
Le mois de mai 2025 à lui seul a enregistré une levée record de près de 500 milliards FCFA, ce qui alarme le député sur la trajectoire budgétaire du pays.
❓ Des questions de fond sur la transparence et la gouvernance
Malgré ces emprunts massifs, aucune information précise n’est disponible sur leur affectation. L’absence des rapports d’exécution budgétaire du 4e trimestre 2024 et du 1er trimestre 2025 entretient un climat d’opacité incompatible avec les engagements de transparence du nouveau pouvoir.
Thierno Alassane Sall interpelle ainsi le gouvernement sur trois points majeurs :
1.
Niveau et caractéristiques de la dette
- Quel est l’état exact de l’endettement intérieur et extérieur depuis janvier 2024 ?
- Quelles sont les conditions des titres émis (montants, taux, maturités, créanciers) ?
2.
Utilisation des fonds empruntés
- Pour quelles raisons l’État choisit-il des emprunts à taux élevés et à maturités courtes, alors que des financements concessionnels sont disponibles ?
- Les fonds levés servent-ils à investir, couvrir les déficits, ou refinancer d’anciennes dettes ?
3.
Gouvernance et soutenabilité de la dette
- Quelles mesures structurelles le gouvernement prévoit-il pour freiner l’endettement, renforcer la transparence et respecter les obligations de publication budgétaire ?
⚠️ Une alerte à la veille des arbitrages budgétaires
Cette interpellation intervient à un moment stratégique, alors que le gouvernement prépare ses arbitrages budgétaires pour le second semestre 2025. Thierno Alassane Sall met en garde contre une gestion technocratique mais non démocratique de la dette, qui bypasse la représentation nationale et fait courir des risques à la stabilité économique future du pays.
« On ne peut pas parler de rupture sans rupture dans la gouvernance. Les citoyens doivent savoir où va leur argent. », conclut-il.
Rédigé par : Elhadji Fallou Khouma
CNM.SN