Dans une déclaration relayée sur les réseaux sociaux, Ababacar Mboup, président de Sàmm Jikko Yi et de l’Association pour une Nouvelle Citoyenneté Africaine (A.N.C.A.), s’est vivement opposé à une réforme du Code de la Famille qu’il juge influencée par des “lobbies internationaux”. Pour lui, cette réforme risque de déconnecter la législation des valeurs culturelles et religieuses du peuple sénégalais.
Une réforme qualifiée de nécessaire par l’Assemblée nationale
Lors d’une réunion entre la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) et la Commission des lois de l’Assemblée nationale, le président Me Oumar Youm Tall a affirmé que le Code de la Famille sénégalais, en vigueur depuis 1972, est “hybride” et doit être “profondément réformé”. Il évoque le besoin d’adapter la législation aux exigences contemporaines et aux engagements internationaux du Sénégal.
Mboup : “Ceci ne passera pas !”
Une orientation qui inquiète Ababacar Mboup :
“Dans quel sens iront ces réformes ? Qu’impliquent ces exigences contemporaines ?”
Il cible notamment le Protocole de Maputo, qu’il qualifie de “dangereux pour la société sénégalaise”. Il cite un extrait de l’article 2 du protocole qui appelle à :
“modifier les schémas et modèles de comportement socioculturels de la femme et de l’homme…”
Pour lui, cette volonté d’“harmonisation” ne respecte ni la culture ni les fondements religieux du Sénégal.
Des points sensibles sur la table
Selon Seneweb, la présidente de la CNDH, Pr Amsatou Sow Sidibé, a plaidé pour revoir :
- l’âge légal du mariage des filles,
- la puissance paternelle,
- la responsabilité de la femme dans la famille,
- l’accès à la justice des femmes vulnérables,
- l’éradication des mutilations génitales féminines (MGF).
Mboup voit là un projet de société sous influence étrangère :
“Pourquoi vouloir ramer dans le sens voulu par des lobbies internationaux qui veulent détruire le lien entre l’homme et son Créateur ?”
Une critique des pratiques politiques passées
Mboup en profite pour rappeler que plusieurs textes fondateurs du Sénégal ont été adoptés sans consultation populaire :
- La Constitution de 1959, “rédigée hors du pays par des non-Sénégalais”,
- Le Code de la Famille de 1971, imposé malgré “l’opposition des chefs religieux”,
- Des conventions internationales ratifiées sans débat public.
“Faire une chose pour quelqu’un sans ce quelqu’un, c’est la faire contre lui.”
Réformer, oui… mais avec le peuple
Si Ababacar Mboup ne rejette pas toute réforme, notamment celle du Code de l’Enfant, il insiste :
“Que la question soit posée publiquement pour que les Sénégalais soient impliqués dans le processus d’élaboration et de validation.”
Il appelle à une rupture dans les méthodes politiques et à une gouvernance inclusive, respectueuse des croyances et des réalités sociales.
Un appel au sursaut national
Alors que l’Assemblée nationale appelle à “un sursaut national pour une législation adaptée”, Mboup en appelle lui à la vigilance. Pour lui, l’avenir du Sénégal se joue aussi dans sa capacité à préserver ses repères culturels et spirituels face à une mondialisation juridique souvent unilatérale.