Al hamdoulillah, Dieu merci
Au Sénégal, comme ailleurs, il est rare de rendre hommage à une personne encore vivante. On célèbre souvent celles et ceux qui ont déjà quitté ce monde. Pourtant, Bachir Fofona, tu fais désormais partie de ces rares exceptions. Depuis ton arrestation, des hommages sincères jaillissent de toutes parts.
Dans cette époque troublée, où la vérité est souvent étouffée par le poids de la désinformation et des intérêts partisans, certaines voix sont étouffées, non pas parce qu’elles mentent, mais parce qu’elles disent ce que d’autres refusent d’entendre. Bachir, tu es l’une de ces voix courageuses.
Placé sous mandat de dépôt pour diffusion de « fausses nouvelles », ce chef d’orchestre de l’information, journaliste archiviste au professionnalisme reconnu, paie aujourd’hui le prix de sa rigueur. Ironie du sort : un homme qui n’a jamais cessé de servir la République avec honnêteté, méthode et respect des principes fondamentaux de son métier.
Bachir, je tiens ici à saluer non seulement l’ami, mais aussi le professionnel d’exception que tu es. Tu es une référence pour toute une génération de jeunes journalistes, un modèle d’exactitude, de discernement et d’engagement. Tes articles, toujours solidement sourcés, m’évoquent les plus hauts standards rencontrés au cours de mes formations en éthique et intégrité scientifique dans le cadre de mon parcours professionnel. Ils en portent toutes les marques : rigueur méthodologique, respect scrupuleux des sources, honnêteté intellectuelle, etc.
Que l’on soit d’accord ou non avec toi sur le fond, nul ne peut nier la qualité de ta forme ni la profondeur de ton travail. C’est cette intégrité-là qui dérange, c’est cette exigence de vérité qui effraie.
Aujourd’hui, alors que tu traverses une épreuve « difficile », je veux dire haut et fort ce que beaucoup pensent tout bas : ta place n’est pas en prison, mais bien dans les salles de rédaction, au cœur des archives de la mémoire collective, et surtout dans celui de tous ceux qui croient encore en un journalisme éthique, libre et responsable.
Nous sommes nombreux à porter ta voix, à défendre ta cause, et à ne jamais oublier que dans cette bataille pour la vérité, tu es en avance sur ton temps.
Force à toi, Bachir. L’Histoire a déjà retenu ton nom.
Balla KHOUMA
Docteur en Sciences Economiques