Un séisme dans la Fintech. CinetPay, vitrine des paiements électroniques en Afrique de l’Ouest, se retrouve dans l’œil du cyclone. Selon les révélations de Libération, la société est citée dans une enquête explosive mêlant association de malfaiteurs, exercice illégal d’une activité bancaire, collecte illicite de données personnelles et blanchiment de capitaux.
La chute d’une chargée de développement
Tout commence avec deux plaintes. Puis d’autres affluent. La Division spéciale de cybersécurité (DSC) entre en scène. Les enquêteurs remontent les fils d’un réseau d’escroquerie rodé, huilé, parfaitement structuré.
Au centre : M. Faye, chargée du développement commercial de CinetPay. Elle a été arrêtée et déférée ce lundi. Ses collègues, eux aussi, ont dû répondre aux questions des limiers de la DSC.
Des victimes harcelées au grand jour
Les récits sont glaçants. Une victime reçoit l’appel de pseudo-agents d’une société baptisée Prontopaiement. Ils réclament le remboursement immédiat d’un microcrédit en ligne de 10 000 Fcfa. Menaces à l’appui. Pour l’humilier davantage, un document listant ses filiations est envoyé… avant que ses proches ne soient directement contactés.
Une autre victime, même scénario. Cette fois, sous couvert d’une mystérieuse banque dénommée Leviet.
Une piste ivoirienne et une vieille connaissance
Rapidement, l’enquête déborde les frontières. Les fonds transitent par Nectar Microcrédit Technologie, société basée en Côte d’Ivoire, via la plateforme CinetPay. Et qui retrouve-t-on en première ligne ? M. Faye, encore elle, identifiée comme le point focal.
Mais le véritable coup de théâtre se joue lors d’une perquisition au siège de CinetPay Sénégal. Dans le bureau de la chargée commerciale, les enquêteurs tombent sur des documents liés à Sunutech Ltd Sarl, plus connue sous l’alias Seyp Sénégal.
Souvenir amer : cette structure est accusée d’avoir dépouillé des milliers de Sénégalais de plus de 10 milliards de Fcfa. Ses cerveaux, de nationalité chinoise, ont depuis filé… direction Abidjan.
CinetPay mouillée dans les flux de 2024
Les analystes de la DSC n’en croient pas leurs chiffres. Tous les paiements frauduleux liés à Sunutech/Seyp ont transité par CinetPay en 2024. Et ce, précisément au moment où la DSC claironnait avoir neutralisé la machine à arnaques.
Jeux clandestins : la Lonase tire la sonnette d’alarme
Cerise sur le gâteau : une mise en demeure de la Lonase retrouvée dans les dossiers. Elle accuse CinetPay d’avoir servi de caisse noire à trois géants du jeu en ligne clandestin : 1Win, Betwinner et Melbet.
Des mastodontes du pari illégal, interdits d’activité au Sénégal, mais bien présents dans les flux financiers gérés par la Fintech.