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Affaire Badara Gadiaga : une accusation bancale bâtie sur une méprise ?

L’affaire judiciaire visant le chroniqueur Badara Gadiaga connaît un développement aussi inattendu que controversé. Alors qu’il n’était initialement poursuivi que pour « discours contraires aux bonnes mœurs », le parquet a radicalement durci le ton en ajoutant plusieurs chefs d’inculpation, dont des accusations gravissimes relevant de l’article 80 alinéa 2 du Code pénal sénégalais.

Un glissement spectaculaire des charges

Lors de sa première garde à vue, seules les déclarations publiques de Badara Gadiaga, jugées inappropriées, étaient en cause. Mais sa présentation au parquet a marqué un tournant : le chroniqueur est désormais poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, offense à une personne exerçant les prérogatives du chef de l’État, et surtout pour des faits assimilés à une propagande financée pouvant troubler l’ordre public, en vertu de l’article 80 alinéa 2 du Code pénal. Cette disposition prévoit des peines lourdes contre quiconque accepte des fonds pour mener des campagnes susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique ou aux institutions de la République.

Une stratégie pour forcer la détention ?

Selon la défense, cet ajout viserait un objectif précis : rendre possible un mandat de dépôt automatique, en s’appuyant sur l’article 139 du Code de procédure pénale. Ce dernier prévoit en effet une incarcération obligatoire pour toute personne mise en cause pour un délit visé entre les articles 56 et 100 du Code pénal, ce qui inclut l’article 80.

Les avocats de Gadiaga dénoncent une manœuvre visant à museler un chroniqueur critique du pouvoir, en requalifiant arbitrairement les faits pour contourner la décision du juge.

Une incompréhension autour de GSIE

À l’origine de cette escalade judiciaire, une série de transactions financières transitant par un intermédiaire technique : GSIE Technology. Les enquêteurs, voyant le sigle apparaître dans des transferts Orange Money, ont cru identifier une société appartenant à Badara Gadiaga, soupçonné alors d’avoir reçu des financements occultes.

Une erreur manifeste, selon la défense. GSIE Technology est en réalité une fintech sénégalaise reconnue, fondée par Antoine Ngom, et spécialisée dans les passerelles de transfert entre banques et portefeuilles électroniques. Parmi ses clients figure la banque Acep, précisément celle de Badara Gadiaga. Ainsi, les transferts opérés depuis son compte bancaire vers son compte Orange Money passent techniquement par la plateforme GSIE, comme c’est le cas pour des milliers de Sénégalais.

Une preuve… qui n’en est pas une

Le parquet évoque un montant de 9 millions FCFA « transférés depuis la société GSIE ». Mais les avocats ont répliqué avec vigueur : il ne s’agit pas de versements suspects, mais de fonds provenant d’un prêt bancaire légalement contracté à l’Acep, transférés via une interface bancaire classique. Aucun lien personnel n’existe entre Badara Gadiaga et GSIE.

L’emballement autour d’un compte mobile

Depuis ces accusations, certains adversaires du chroniqueur ont alimenté une campagne de discrédit, affirmant que « le compte Orange Money de Badara Gadiaga va parler ». Une affirmation que ses avocats qualifient d’intoxication pure, soulignant que rien dans ces transactions ne prouve une quelconque activité illégale.

Une affaire hautement politique ?

Au-delà des aspects techniques, cette affaire pose une question centrale : assiste-t-on à une instrumentalisation de la justice pour faire taire une voix dissidente ? Le glissement soudain des accusations et la mauvaise interprétation de données bancaires semblent renforcer cette hypothèse.

En attendant l’évolution judiciaire, l’affaire Gadiaga illustre une réalité préoccupante : la frontière de plus en plus floue entre justice et règlement de comptes politiques, dans un contexte de crispation entre pouvoir et société civile.

🔗 Pour en savoir plus sur GSIE Technology : https://gsie-fintech.com/interco-mobile-banking/

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