La montagne judiciaire aurait-elle accouché d’une souris ? C’est la question qui se pose après la publication du rapport d’expertise de 143 pages commandité par le juge d’instruction dans l’affaire Khadim Ba. Selon les révélations du journal Libération, ce document, produit par le cabinet Gecogex, remet profondément en cause les accusations portées contre l’homme d’affaires sénégalais.
Dès l’introduction, l’expertise prend ses distances avec la thèse de la fraude massive. Certes, certaines irrégularités sont relevées, notamment sur le plan administratif et financier, mais le rapport souligne avant tout une activité économique d’envergure : plus de 1 000 milliards de francs CFA d’hydrocarbures importés par les sociétés Der Mond Oil & Gas Africa et Der Mond Oil & Gas Fze, sous la direction de Khadim Ba.
Le cabinet met en évidence un modèle de fonctionnement atypique où une seule entité assurait à la fois le financement, l’importation et la revente des produits pétroliers. Une complexité qui a entraîné une confusion administrative, rendant certains paiements difficilement traçables, mais sans pour autant prouver une intention frauduleuse.
Sur le plan technique, les cargaisons ont bien été livrées, sans pertes notables, et les rabais accordés à la Société Africaine de Raffinage (SAR) sont expliqués par des accords spécifiques, non par des malversations.
Les manquements relevés concernent surtout les règles de change, avec des paiements effectués sans respecter les normes strictes de l’UEMOA. Toutefois, le cabinet ne conclut à aucun enrichissement personnel ni à une volonté de dissimulation.
En somme, l’expertise change la donne : Khadim Ba apparaît moins comme un fraudeur que comme un chef d’entreprise évoluant dans un système complexe et parfois mal adapté à l’innovation financière. Un tournant décisif dans ce dossier judiciaire très médiatisé.