Après une première sortie remarquée qui avait semé la zizanie au sein du groupe parlementaire dont il est membre, le député Guy Marius Sagna revient à la charge avec une publication Facebook qui fait déjà grand bruit. Dans un texte long et structuré, l’élu de la coalition Yewwi Askan Wi, membre du parti Pastef, dénonce avec vigueur la persistance de pratiques jugées « parasitaires », en particulier le fameux “Sukëru koor”, ces enveloppes distribuées pendant le mois de Ramadan aux députés, sous couvert d’« appui ».
« Cela fait bientôt trois ans que je me bats contre ces pratiques à l’interne », affirme Guy Marius Sagna, précisant que son combat ne date pas de l’arrivée au pouvoir de Pastef, mais remonte déjà au temps où son groupe parlementaire siégeait dans l’opposition. Il décrit une lutte solitaire, souvent minorisée, contre un système de redistribution jugé archaïque et incompatible avec les valeurs de rupture et de transparence que son parti prétend incarner.
La dernière illustration de ce malaise est survenue en mars 2025, lorsque, selon lui, chaque député de son groupe parlementaire s’est vu proposer une enveloppe de 100.000 FCFA pour le Ramadan. Rebaptisé pudiquement “appui”, ce geste reste selon lui du pur “sukëru koor” : « Ce n’est pas parce qu’on change l’étiquette que le contenu change », fustige-t-il.
Pour Guy Marius Sagna, le cœur du problème réside dans la logique de clientélisme politique que cette pratique entretient : une vieille tradition sénégalaise de redistribution aux militants, financée indirectement par les deniers publics. « Certains d’entre nous pensent qu’ils ont besoin de ce ‘sukëru koor’ pour alimenter leur base, mais je refuse que cela passe par l’argent public », martèle-t-il.
Il regrette également l’absence de débat interne sur la définition d’une ligne parlementaire cohérente sur les avantages, privilèges et pratiques qu’il juge “budgetivores”. Selon lui, toute tentative de discussion formelle sur ce sujet sensible a été étouffée.
Néanmoins, le député garde espoir. Il se réjouit que sa persévérance ait permis d’obtenir de petites victoires symboliques : « Je suis sûr qu’en 2026, on ne parlera plus de ‘sukëru koor’ ou d’appui ». Il appelle ses camarades de Pastef à aller plus loin, à « imposer de nouvelles pratiques politiques au Sénégal », au-delà même des débats qu’ils parviennent à lancer dans l’espace public.
Au-delà du cas précis du “sukëru koor”, Guy Marius Sagna s’attaque à une culture politique enracinée, qu’il juge incompatible avec l’ambition de sortir le Sénégal du néocolonialisme et du sous-développement. Un appel à la cohérence politique, lancé de l’intérieur, qui ne manquera pas de relancer les discussions dans un contexte où les attentes populaires envers la rupture annoncée restent fortes.
Contacté par nos soins, aucun autre député du groupe parlementaire n’a, pour l’instant, réagi publiquement à ces nouvelles révélations.