Dakar, 12 juin 2025 – Le climat politique sénégalais est à nouveau secoué par une série d’arrestations visant des figures publiques, parmi lesquelles des chroniqueurs, des activistes et des responsables politiques. Ces interpellations, liées à des prises de position dans les médias ou à des propos jugés offensants envers le chef de l’État, alimentent une vive controverse sur l’état des libertés publiques dans le pays.
De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme un recul démocratique. Des organisations de défense des droits humains, des acteurs de la société civile ainsi que plusieurs partis d’opposition ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils qualifient de dérive autoritaire. Pour eux, ces arrestations traduisent une volonté de museler les voix dissidentes et de restreindre la liberté d’expression, pourtant garantie par la Constitution.
Dans ce contexte tendu, le magistrat Ibrahima Hamidou Dème, ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature et figure respectée pour ses positions en faveur d’une justice indépendante, est monté au créneau. Dans une publication sur le réseau social X (ex-Twitter), il a lancé une interpellation directe à l’endroit de ses confrères magistrats : « Comment la justice peut-elle devenir indépendante avec des magistrats qui se comportent toujours en préfets judiciaires, prêts à exécuter toutes les commandes de l’exécutif ? »
Cette sortie, rare dans sa virulence, met en lumière une préoccupation croissante au sein même de la magistrature : celle de voir l’appareil judiciaire instrumentalisé à des fins politiques. Pour certains observateurs, les propos du juge Dème traduisent un malaise profond, hérité d’années de tensions entre les pouvoirs exécutif et judiciaire.
Alors que le gouvernement ne s’est pas encore officiellement exprimé sur ces arrestations controversées, le débat s’amplifie sur les plateaux de télévision, dans les colonnes des journaux et sur les réseaux sociaux. L’opinion publique, elle, semble de plus en plus divisée entre ceux qui soutiennent une application rigoureuse de la loi face à ce qu’ils perçoivent comme des outrages, et ceux qui redoutent une instrumentalisation de la justice pour faire taire les critiques.
Dans ce climat, la parole d’un juge comme Ibrahima Hamidou Dème, connue pour son intégrité, pourrait bien raviver le débat sur la réforme de la justice et la nécessité d’en garantir l’indépendance, condition indispensable à toute démocratie saine.