Le ton est grave, la charge est frontale. Dans une publication virale sur Facebook, Ameth Diallo, coordinateur national du mouvement Gox Yu Bees, dénonce ce qu’il considère comme un « pillage silencieux » des ressources publiques par l’Assemblée nationale. Face au tumulte des débats sur les privilèges des députés et les passes d’armes entre acteurs politiques, il recentre la critique sur un point précis : les 22 milliards de budget de l’Assemblée, dont il demande une reddition de comptes ligne par ligne.
« Guy Marius nous distrait. Le vrai pillage continue en silence », attaque d’emblée Ameth Diallo, reprochant au député activiste Guy Marius Sagna et à ses soutiens de détourner l’attention de ce qu’il considère comme l’enjeu essentiel : la transparence budgétaire. À ses yeux, les discussions actuelles sur les avantages des parlementaires sont un écran de fumée qui masque le vrai problème : la persistance d’un système de prédation enraciné depuis des années dans les institutions.
Il rappelle que sous l’ancien régime, le budget de l’Assemblée nationale était à 16,8 milliards. Le candidat Bassirou Diomaye Faye avait alors promis de le diviser par deux. Aujourd’hui, souligne Diallo, non seulement cette promesse n’a pas été tenue, mais le budget a même été augmenté à 22 milliards de francs CFA, une décision qu’il qualifie de « trahison » envers les citoyens.
Une transparence attendue… toujours absente
Dans sa longue publication, Ameth Diallo exige des comptes détaillés : coût des missions à l’étranger, frais de fonctionnement du cabinet du président de l’Assemblée, indemnités, structure du personnel, utilité des déplacements des députés, et surtout les justifications concrètes de chaque dépense engagée. Selon lui, aucun rapport n’a été publié à ce jour, aucun détail fourni, aucune explication donnée.
« Ce que nous voulons, ce n’est pas une comptabilité d’apparence. C’est une comptabilité citoyenne », martèle-t-il, appelant à une radiographie complète des dépenses publiques, non seulement pour l’Assemblée, mais pour toutes les institutions : Présidence, Primature, ministères, directions, agences. Il réclame la création d’une plateforme publique et accessible, retraçant en temps réel l’usage de chaque franc du contribuable sénégalais.
“Ce n’est pas une course contre le passé”
Réfutant tout relativisme, le coordinateur de Gox Yu Bees balaie d’un revers de main l’argument souvent avancé selon lequel « les anciens faisaient pire ». « Oui, ils ont été opaques. Mais c’est précisément pour cela que le peuple les a chassés. Si vous faites pareil, vous êtes comme eux », avertit-il.
Il va plus loin, appelant à la poursuite judiciaire des anciens responsables de l’Assemblée qui auraient violé la loi en ne publiant pas les rapports financiers. Pour Diallo, la vraie rupture ne se mesure pas aux discours, mais aux actes. Et tant que les promesses de transparence resteront des mots sans preuves, la confiance du peuple restera suspendue.
Vers une nouvelle culture politique ?
Ce texte d’Ameth Diallo sonne comme un appel au réveil citoyen. Il rappelle que les fonds publics n’appartiennent pas aux élus mais au peuple. Il exige que chaque député justifie son action, chaque déplacement, chaque franc dépensé. Et il met en garde : tant que cela ne sera pas fait, « le peuple ne lâchera pas ».
À l’heure où le Sénégal s’interroge sur la cohérence entre les discours de rupture et la continuité de certaines pratiques opaques, cette sortie marque une inflexion importante dans le débat public. La reddition de comptes n’est plus une option morale. C’est une exigence politique. Une exigence qui, manifestement, ne faiblira pas.