Les plus récents

Enquête financière : Mouhamad Dieng, un patrimoine hors de contrôle 

La Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) aurait transmis à la justice un rapport explosif mettant en cause l’homme d’affaires Mouhamad Dieng, figure bien connue du secteur des jeux en ligne et de l’immobilier. Selon le document, consulté par Seneweb, l’entrepreneur serait au cœur d’un vaste système de blanchiment de capitaux et de fraude fiscale, en lien avec la LONASE et plusieurs sociétés sous son contrôle.

Un empire aux multiples ramifications

Le rapport détaille un réseau complexe d’entreprises dirigées par Mouhamad Dieng, opérant dans divers secteurs :

  • Jeux en ligne : Service Online International SA (ex-BET Online), exploitant de la plateforme 1XBET Sénégal ;
  • Immobilier : MIR Holding SAS, SCI SAYUZ ;
  • Location de véhicules : MD Global Business Service SUARL ;
  • Communication et mécénat : Fondation Mouhamad Rassoul Dieng.

Ces structures, selon la CENTIF, auraient servi de canaux pour des flux financiers difficiles à tracer.

Des liens privilégiés avec la LONASE

L’enquête relève des relations particulièrement étroites avec la LONASE. En 2023, MIR Holding a conclu un contrat de location-vente de six immeubles destinés à abriter des agences, en dehors des règles de passation des marchés publics. L’année suivante, MD Global Business Service aurait encaissé plus de 17 millions FCFA pour la location de véhicules.

Plus préoccupant encore, Service Online International SA aurait traité d’importants volumes financiers issus des jeux en ligne en dehors de la plateforme de centralisation de la LONASE, compromettant la traçabilité des transactions.

Un patrimoine sans rapport avec ses revenus déclarés

Bien que déclarant un revenu mensuel de 1,5 million FCFA, Mouhamad Dieng disposerait d’un patrimoine jugé disproportionné par les enquêteurs. Celui-ci inclurait :

  • Des immeubles et appartements de standing à Dakar (Mamelles, Sacré-Cœur, Cité Mbackyou Faye) et à Saly Portudal ;
  • Des terrains à Touba Toul, Nguénienne et Wakhinane ;
  • Un parc automobile de 45 véhicules ;
  • Un matériel de sonorisation acquis cash pour 250 millions FCFA.

Le rapport mentionne également des soupçons de remise de voitures de luxe à certains responsables de la LONASE.

Une fondation utilisée comme paravent

La Fondation Mouhamad Rassoul Dieng aurait servi de vitrine sociale pour recycler des fonds suspects. Les enquêteurs évoquent la distribution de dons en liquide – des enveloppes de 100 000 FCFA à d’anciens détenus – filmés et largement diffusés sur YouTube. Une pratique interprétée comme une stratégie de blanchiment par intégration sociale, donnant un vernis philanthropique à des fonds d’origine illicite.

Le rôle controversé d’un cabinet notarial

Le document met également en cause l’étude Diop & Dièye, dont le compte logé à UBA aurait centralisé plus de 3,8 milliards FCFA provenant de Mouhamad Dieng et de ses sociétés. La CENTIF considère ces opérations comme « atypiques », assimilables à une activité bancaire dissimulée. Le notaire est accusé d’avoir failli à ses obligations de vigilance, ce qui pourrait engager sa responsabilité pénale.

Des indices concordants de blanchiment

En conclusion, la CENTIF estime que l’ensemble des flux financiers, acquisitions patrimoniales et relations contractuelles liés à Mouhamad Dieng présentent les caractéristiques d’un schéma de blanchiment de capitaux, tel que défini par la loi n°2024-08 du 14 février 2024.

Si la justice devait confirmer ces soupçons, c’est l’un des plus gros dossiers financiers des dernières années qui s’ouvrirait, impliquant à la fois des acteurs privés, des structures publiques et des professions réglementées.

Latest Posts

spot_imgspot_img

A lire aussi

NEWSLETTER

Ne ratez pas nos novelles, inscrivez-vous à la lettre d'information electronique.