Les conflits dans la région du Liptako Gourma sont liés à plusieurs causes. Nous constatons une
imbrication des dynamiques de conflits et d’insécurité dans cette région. La dynamique des conflits
trouve ses racines dans un éventail de causes structurelles et de moteurs interconnectés qui
s’expriment à travers des lignes de conflits, c’est à dire des positions ou objectifs antagoniques
adoptés par plusieurs acteurs. Il est rapporté dans plusieurs rapports internationaux de manière
convergente que les principales causes identifiées seraient liées au changement climatique, la
pression démographique, les fractures sociales et le déficit de gouvernance économique et sociale.
Ce sont ces mêmes facteurs d’ailleurs qui ont conduit à ces changements anticonstitutionnels de
régime politique commun à ces trois pays du Liptako. Il est important de préciser une seconde fois
que ces causes structurelles de conflits sont inters reliés. Force est de constater que le changement
climatique et la croissance démographique entraînent un effet d’amplification des conflits et des
antagonismes dont les racines sont à rechercher dans la stratification sociale et la marginalisation de
certaines composantes de la population. Parmi les causes structurelles aussi, il y a le changement
climatique qui se traduit par la sécheresse et les inondations. Ceci a pour conséquence la dégradation
des terres donc peu d’activité agricoles. La variabilité des précipitations, la désertification et
l’ensablement au fleuve Niger contribuent à une surexploitation des ressources naturelles donc
baisse des productions et des rendements, on constate également une fragilisation des systèmes de
culture pluviale mais encore et surtout la vulnérabilité accrue de l’élevage pastoral. Parmi toutes ces
causes, la problématique de la protection de l’environnement se pose avec comme fait majeur la
dégradation des ressources forestières. Les sécheresses répétées qui affectent le sahel depuis près
d’un demi-siècle ont fini de mettre en exergue la vulnérabilité des systèmes de production face aux
aléas climatiques. Tout ceci favorise à alimenter le moteur des conflits internes dans la zone. Ces
causes structurelles conduisent à la dégradation des conditions des populations qui conduisent à leur
tour à la paupérisation, aux migrations tant légales qu’illégales, elles conduisent également les
populations à élaborer des stratégies de survie provoquées d’autre part par l’insécurité alimentaire,
ce qui mène au triste constat que tout ceci a pour finalité la création de tensions inter familiales, de
conflits intercommunautaires et enfin une situation de conflit interne de manière générale. Tous ces
facteurs, additionnés à l’incapacité des gouvernants à trouver des solutions efficaces à ces conflits
internes, la porosité des frontières, la vétusté de l’armement, et des militaires sous équipés et mal
formés installe peu à peu des cellules terroristes un peu partout dans la zone des frontières créant
ainsi une situation de chaos total et de non Etat.
Mohamed Abdoulaye Diallo
Mba Diplomatie et Géostratégie
Spécialiste des questions de Défense et Sécurité
Consultant Climat et Environnement
Directeur du Département Climat et Environnement du think thank Millenium African Institute ,
Nations et Démo