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Le seul combat qui vaille au Sénégal est économique ( Dr Balla Khouma , statisticien économiste )

En octobre 2024, suite à la dégradation de la note souveraine du Sénégal de Ba3 (pays stable) à B1 (pays sous surveillance) par l’agence Moody’s, nous avions lancé un appel dans Le Quotidien.Sn pour une mobilisation collective, un sursaut national autour de notre priorité absolue : la relance économique

Huit mois plus tard, la situation devient hélas plus préoccupante. L’agence de notation S&P vient encore d’abaisser la note du Sénégal à B- avec une perspective négative. Ce nouveau déclassement est un signal d’alarme préoccupant. Il traduit une perception accrue du risque souverain et place notre pays dans une position encore plus délicate sur les marchés financiers. Concrètement, cela signifie que le Sénégal devrait désormais emprunter à des tauxplus élevés, alourdissant encore davantage le coût du service de la dette publique.

Au-delà des chiffres, c’est la confiance qui vacille. La note d’un pays reflète le regard que portent les investisseurs sur sa stabilité économique et politique. Une dégradation accentue la frilosité des investisseurs étrangers, notamment dans les secteurs qui nécessitent d’importants financements. Elle freine les investissements directs, ralentit la croissance, limite la création d’emplois et réduit les recettes fiscales.

Il est donc impératif de regarder la réalité en face. Cette nouvelle dégradation est bien plus qu’un avertissement : elle exige une gestion macroéconomique plus rigoureuse, des ajustements budgétaires urgents et un travail de fond pour restaurer la confiance des investisseurs. Sans cela, une nouvelle dégradation est inévitable, avec de potentielles conséquences encore plus lourdes sur la soutenabilité de la dette et la stabilité économique du pays.

Mais au-delà des décisions techniques et budgétaires, il fautposer un constat lucide : le seul combat qui mérite aujourd’hui l’engagement de tous, c’est celui de la reconstruction et de larelance économique. Chaque jour perdu dans des querelles politiciennes, des règlements de comptes ou des tensions inutiles fragilise un tissu économique déjà éprouvé. L’arrestation de citoyens pour des « délits d’opinion », les affrontements verbaux sur les plateaux télé ou sur les réseaux sociaux, les surenchères partisanes ternissent notre image démocratique, autrefois exemplaire à l’échelle africaine voire mondiale.

Or, l’image démocratique d’un pays est aussi un actif financier. Elle influence la perception des marchés, la disponibilité des capitaux, et in fine, le coût de l’endettement. À l’heure où la croissance hors hydrocarbures est déjà inférieure aux prévisions, où les prévisions de recettes fiscales sont revues à la baisse, où la dette publique reste à un niveau critique, la moindre incertitude politique pèse lourd. Et ce sont les Sénégalaises et les Sénégalais qui en paient le prix chaque jour.

Dans les campagnes, à l’approche de l’hivernage, certains agriculteurs peinent à obtenir les semences nécessaires. Dans les villes, la peur des inondations ressurgit. Le développement ne se décrète pas : il se construit dans la durée, avec cohésion, discipline et effort partagé. Comme le rappelait Adam Smith, la croissance se crée dans un climat de confiance, de stabilité et d’inclusion.

Il ne s’agit donc plus de débattre pour diviser, mais d’agir pour reconstruire. L’heure n’est ni à la confrontation ni aux calculs partisans : l’heure est au travail, à l’efficacité économique, à la solidarité nationale et à l’unité.

Nous disons oui à l’appel de la patrie !

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