Bienvenue au Sénégal :La Republique des egauxAcadémico-Théocratique, ce pays étrange où il suffit d’avoir mis un pied dans une salle de classe ou sur un tapis de prière pour être sacré prophète de la vérité nationale. Ici, le diplôme donne l’onction divine, le micro la légitimité absolue, et la barbe fournie ou la soutane universitaire, le pouvoir de parler sur TOUT, TOUS LES JOURS, AVEC CERTITUDE.
Prenons d’abord nos chers professeurs « assimilés ». On ne sait pas très bien ce qu’ils ont assimilé – sauf peut-être les titres pompeux. Ils n’ont publié que leurs bulletins de salaire, mais se présentent comme des sommités planétaires. Les voilà qui débarquent sur les plateaux TV comme des philosophes grecs, brassant l’air et l’égo, incapables de dire bonjour sans ajouter « Professeur » devant leur nom. Pourtant, s’il fallait noter la clarté de leurs idées, le barème s’arrêterait à zéro.
Et que dire des imams 2.0 ? Ceux-là ont transformé le sermon du vendredi en émission YouTube sponsorisée. Le paradis n’est plus dans l’au-delà, mais dans les vues et les likes. On ne parle plus de spiritualité, non. Place aux attaques ad hominem, aux rumeurs parfumées à la calomnie, aux condamnations de célébrités sur TikTok. Certains se prennent pour le ministère de l’Intérieur céleste : ils distribuent les tickets pour le paradis et les convocations pour l’enfer… sauf qu’ils ont perdu le Coran entre deux directs Facebook.
Ce duo infernal, professeur auto-proclamé et imam influenceur, a inventé une nouvelle science : la « Blablatologie Appliquée ». Elle permet de parler de géopolitique le matin, d’économie l’après-midi, de féminisme le soir, et de cybercriminalité avant de dormir. Le tout sans jamais consulter un livre, ni admettre une once d’ignorance.
Comme disait Confucius : « Celui qui parle beaucoup ne laisse pas la vérité entrer. » Et comme ajoutait Kocc Barma : « Quand le coq se prend pour un aigle, les poussins se moquent. »
Ces nouveaux “gardiens” de la morale publique ont oublié une chose : l’humilité, cette petite vertu que l’on trouve rarement dans les studios climatisés de télévision ou dans les cercles fermés des pseudo-élites. Leur suffisance est telle qu’ils croient pouvoir éteindre les étoiles avec leurs sermons, et rallumer la justice avec un master en sociologie.
Et pendant ce temps, le peuple regarde, écoute… et vomit en silence. Les vrais savants se taisent. Les véritables hommes de foi s’écartent. Et la République se noie dans le bavardage des demi-savants et des saints autoproclamés.
Alors, que faire ? Peut-être relire cette maxime populaire :
« Ce n’est pas parce qu’un mouton bêle fort qu’il est berger »
Vieux macoumba mbodj
Sociologue
