L’Etat du Sénégal a été condamné par deux juridictions supérieures en l’espace de six semaines.
D’abord, l’ordonnance numéro 12 du 28 mars 2025 de la Deuxième Chambre administrative de la Cour suprême du Sénégal juge « manifestement illégal » l’interdiction faite par l’Etat du Sénégal à Amadou Mansour Faye de quitter le territoire, ordonne au ministre de l’Intérieur « de faire cesser les comportements des agents de la Police de l’air en service à l’aéroport AIBD portant atteinte à sa liberté de déplacement, y compris celle de quitter son pays et d’y revenir ».
Pourtant, Mansour Faye sera encore bloqué à l’aéroport le 10 avril 2025, quinze jours après cette ordonnance de la Cour suprême qu’il portait par devers lui, ignorée par les fonctionnaires.
Mansour Faye est finalement mis en accusation par la Haute Cour de justice du Sénégal ce 08 mai 2025, en même temps que quatre autre ministres du défunt régime APR pour malversations diverses, charges qu’il nie.
Ensuite, par décision rendue le 09 mai 2025, la Haute Cour de justice de la CEDEAO a estimé que « les droits d’aller et de venir de Lat Diop ont été violés par l’Etat du Sénégal, condamné à verser la somme de quatre millions FCFA à titre de dommages et intérêts ». Lat Diop, ancien ministre et Directeur général, est en prison depuis huit mois pour « détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux », accusations qu’il rejette.
Si la Cour suprême du Sénégal et la Haute Cour de justice de la CEDEAO condamnent de concert l’Etat du Sénégal pour violations des droits de ses propres citoyens en si peu de temps, cela doit sérieusement attirer l’attention de tous les citoyens : nous devons éviter que notre République soit abîmée et que notre Etat soit hors-la-loi.
Le président de la République et le Premier ministre sont interpellés, en premier.
L’Etat de droit, c’est lorsque l’Etat est irréprochable dans le respect des lois et règlements, et dans les décisions juridiques et judiciaires.
Mamadou Sy Tounkara