La riposte n’a pas tardé. Après les vives critiques formulées par Thierno Alassane Sall à l’encontre de la Loi de finances rectificative 2025, l’économiste et enseignant-chercheur Dr Babo Amadou Bâ a réagi avec fermeté. Dans une publication au vitriol intitulée « Un TAS d’ignorances, de manipulations et de mensonges », il démonte point par point les arguments de l’ancien ministre.
Une réforme de fond dans la présentation budgétaire
Dr Babo Bâ rappelle d’emblée que depuis 2020, le Sénégal a basculé vers un nouveau cadre de gestion budgétaire axée sur les résultats (GAR), qui distingue désormais les flux budgétaires (recettes/dépenses) des opérations de trésorerie (comme l’amortissement de la dette).
« Les emprunts ne sont plus considérés comme des ressources budgétaires mais comme des ressources de trésorerie », précise-t-il, ajoutant que le remboursement de la dette – notamment l’amortissement – est traité hors budget.
Selon lui, Thierno Alassane Sall confond flux (le déficit budgétaire annuel) et stocks (le niveau total de la dette), ce qui fausse complètement l’interprétation des chiffres. Pour 2025, le besoin total de financement — soit le déficit plus l’amortissement de la dette — s’élève à 5 715,5 milliards FCFA, dont près de 70 % seraient destinés à régler la dette héritée du régime précédent.
Les vraies clés de lecture des 10 207 milliards
Face à l’accusation de Thierno Alassane Sall, qui évoquait une dette cumulée de 10 207 milliards FCFA en deux ans sans résultats concrets, Dr Babo Bâ recadre :
- Déficits cumulés (2024-2025) : 2 362 + 1 695 = 4 084 milliards
- Amortissement de la dette (2024-2025) : 2 129 + 4 019 = 6 148 milliards
Ainsi, explique-t-il, plus de 60 % de l’endettement récent sert à payer les engagements contractés sous le régime de Macky Sall. « Il faut raconter un TAS de conneries pour prétendre que le nouveau régime a généré 10 207 milliards de dette nette », tacle-t-il.
Un débat technique et politique
Cette contre-attaque technique s’inscrit dans un débat de fond sur la transparence budgétaire et la lisibilité des finances publiques. Elle révèle aussi l’enjeu politique que représente l’interprétation des chiffres pour une opinion souvent déroutée par les joutes entre experts et hommes politiques.
Alors que le gouvernement cherche à défendre sa posture de rupture et de responsabilité, les critiques persistent sur l’impact concret de ses choix économiques. Mais pour Dr Babo Amadou Bâ, l’essentiel reste clair : « Le nouveau régime paie aujourd’hui l’addition d’une décennie d’endettement effréné. »