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Magal Touba : Quelles retombées économiques au-delà de la symbolique religieuse ?

Chaque année, le Magal de Touba attire plusieurs millions de pèlerins venus du Sénégal, de la sous-région et de la diaspora. Cet événement religieux, profondément ancré dans notre patrimoine spirituel, est aussi un moment économique d’ampleur exceptionnelle : afflux massif de visiteurs, explosion de la consommation locale, flux monétaires colossaux. Pourtant, à l’issue du Magal, la ville qui accueille cet immense rassemblement reste souvent seule à gérer les conséquences : pression sur les infrastructures, déchets, entretien des routes, services de santé et sécurité renforcés.

Il est temps de poser la question : comment Touba peut-elle bénéficier durablement des retombées économiques du Magal, tout en préservant son caractère religieux et spirituel ?

Je pense qu’il est temps de réfléchir à organiser des Assises ou États généraux du Magal. Nous avons besoin d’un espace de réflexion et de concertation réunissant les autorités religieuses, la mairie, l’État, les opérateurs économiques, et la société civile. Ces assises auraient pour objectif de définir un cadre transparent et consensuel permettant de financer durablement les services publics de la ville en s’appuyant sur les retombées économiques de l’événement.

Il serait sans doute judicieux d’instaurer une taxe de séjour religieuse. De nombreuses villes touristiques dans le monde appliquent une taxe de séjour pour financer leurs infrastructures. Réfléchir également sur comment tirer profit de la hausse des billets d’avions chez les compagnies durant cette période à cause de la forte demande des pèlerins souhaitant effectuer le déplacement depuis l’extérieur. Sans dénaturer le caractère religieux du Magal, une contribution symbolique et transparente pourrait être prélevée sur certains services d’hébergement temporaire ou commences, par exemple, pendant l’événement, avec l’assurance que les recettes soient affectées directement à l’amélioration des infrastructures de Touba.

À mon avis, il urge également de renégocier le contrat de l’autoroute Ila Touba. L’autoroute Ila Touba est la principale artère reliant la capitale à la ville sainte. Pendant la période du Magal, le trafic explose, et donc les recettes de péage. Il serait légitime que un pourcentage de ces recettes, sur cette période spécifique, soit reversé à la mairie de Touba pour financer propreté, voirie, santé et sécurité.

L’urgence serait aussi de mettre en place un fonds spécial “Touba Magal ou Fonds de développement de Touba ( FDT) »alimenté par ces contributions et éventuellement par des partenariats privés, ce fonds pourrait servir à améliorer les routes internes, renforcer le réseau d’assainissement, moderniser les structures de santé et anticiper les besoins logistiques pour les éditions futures.

L’objectif est de préserver le sacré, et organiser l’économique. Il ne s’agit pas de “commercialiser” le Magal, mais d’en organiser l’économie pour qu’elle serve directement la communauté qui accueille les pèlerins. Les villes qui gèrent de grands pèlerinages dans le monde (La Mecque, Lourdes, Fatima) ont mis en place des dispositifs pour transformer les flux économiques éphémères en gains structurels durables.

Le Magal est une bénédiction. Mais une bénédiction peut aussi se préparer, s’organiser et se pérenniser. Tout porte à croire que tous les secteurs tirent profit du Magal sauf la ville Touba. Touba mérite que l’on s’assoie ensemble, croyants, acteurs publics et privés, pour réfléchir à un modèle où l’événement phare de la ville contribue autant à sa foi qu’à son développement.

Meissa LoExpert financierConsultant international en finance de marché 

Membre de la SFAF 

Fondateur du think tank Millenium African Institute, Nations et démocratie 

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