Conférence de Presse de Mme Aminata Touré du 1er mai 2024
Déclaration liminaire
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Je vous remercie pour votre présence et vous souhaite ainsi qu’à tous les travailleurs une bonne fête du 1er mai. J’ai aussi une pensée solidaire pour les nombreux jeunes de notre pays en quête de travail décent. Pour cette conférence de presse, nous vous avons invité aujourd’hui dans la commune de Grand Yoff où se trouve notre siège, à la base.
Je souhaiterais aujourd’hui m’entretenir avec vous de l’actualité nationale marquée par l’appel au dialogue du Président Macky Sall dans un regain de tensions où les opposants sont harcelés, les jeunes manifestants emprisonnés par centaines et vos collègues journalistes n’échappent pas à la vague de répression.
De toute évidence, l’appel au dialogue du Président Macky Sall est une manœuvre politique pour diviser l’opposition, une manœuvre qu’il a entamée depuis longtemps avec la collaboration active du PDS. Aujourd’hui ce deal que j’annonçais entre le Président Macky Sall et le PDS a éclaté au grand jour. En fait, le PDS n’est pas participant au dialogue, il est co- organisateur avec le Président Macky Sall d’un pseudo-dialogue et paradoxalement l’actuel ministre de l’Intérieur Antoine Diome, ancien procureur adjoint de la CREI qui a condamné Karim Wade en sera le facilitateur !
Pendant des mois, j’ai entendu le PDS, parti politique crée en 1974 dire qu’il ne fera pas partie du rassemblement de l’opposition parce que ma modeste personne, à l’époque où je fus Ministre de la Justice, leur aurait fait du tort en emprisonnant Karim Wade, condamné par les Tribunaux sénégalais.
Il est important de rappeler rapidement l’historique de la traque des biens mal acquis qui était une demande sociale en 2012 comme c’est aussi aujourd’hui une demande sociale de clarifier la gestion des 1000 milliards du Fonds Covid 19. Que le Procureur accélère la cadence ! Mais avec beau-frère Mansour dans l’affaire ça ne risque pas d’aller vite.
Donc, disais-je, le Président Macky Sall qui s’était engagé dans la reddition des comptes en 2012 m’avait instruit comme Ministre de la Justice de travailler dans ce sens. Je n’avais aucun contentieux personnel avec les personnes visées. J’aurais travaillé avec la même détermination à tout autre poste qu’il m’aurait confié. Je n’ai jamais donné d’instruction particulière aux procureurs, à part leur dire de faire librement leur travail en conformité avec la loi. Et ça le Procureur de la CREI Mr. Alioune Ndao l’a dit publiquement et je n’ai jamais parlé aux juges sur une quelconque affaire judiciaire en cours car c’est ma conception de la Justice. C’est ainsi que Karim Wade a été condamné à la prison et par la suite il a été gracié. Au moment où on parle, il reste devoir au contribuable sénégalais 138 milliard de Fr CFA. Et dans cette affaire, j’ai reçu régulièrement les félicitations du Président Macky Sall. J’avais dit que plus de 200 milliards ont été recouvrés, un communiqué du gouvernement a confirmé cela et le Président Macky Sall lui-même l’a confirmé. Il suffit de consulter Google pour voir sa déclaration à ce sujet.
Aujourd’hui, tout ce que je disais s’est avéré vrai : l’issue du deal entre le PDS et le Président Macky Sall est clair. Le PDS va accepter la candidature du Président Macky Sall et en contrepartie Karim Wade sera amnistié et les 138 milliards qu’il nous doit seront passés pour pertes et profits comme tous les frais engagés pour le procès.
Au préalable, le PDS a donné des gages solides au Président Macky Sall : en votant toutes lois à l’Assemblée alors que BBY avait perdu sa majorité ; le PDS a absous le Président Macky Sall en le tenant pour non-responsable de l’emprisonnement de Karim Wade. D’après le PDS, c’était son Ministre de la Justice Aminata Touré plutôt et avec la coalition présidentielle BBY, le PDS a voté la confiscation illégale de mon mandat de député.
Pour valider le deal entre le Président Macky Sall et le PDS, un pseudo-dialogue sera organisé pour jeter de la poudre aux yeux de l’opinion nationale et internationale en blanchissant Karim Wade et effaçant les 138 milliards qu’il doit au sénégalais. En contrepartie, le PDS qui s’est bien gardé de parler de 3ème mandat va accepter la candidature moralement et juridiquement inacceptable du Président Macky Sall. Le PDS évoquera la décision du Conseil Constitutionnel, seul habilité à décider de qui sera candidat. Non, le Conseil Constitutionnel n’est pas au dessus du Peuple qui a clairement voté en 2016 pour que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». On n’est pas dans l’interprétation de la Constitution, le Peuple l’a déjà fait, on est dans la période de son application ! En ce même moment, un opposant, Ousmane Sonko, pour ne pas le nommer, risque d’être rendu inéligible en actionnant la Justice, en attendant que d’autres suivent.
Qui veut-on tromper ?
En somme, le Président Macky Sall parle de dialogue mais confisque illégalement un mandat de député, emprisonne plus de 400 jeunes, met la Justice aux trousses d’un opposant car il veut sélectionner ses propres candidats et pour finir, il sort les troupes pour mater ceux qui ne sont pas d’accord.
Nous sommes actuellement au Sénégal en pleine régression démocratique et les démocrates de ce pays ne vont pas l’accepter. Nous sommes tous pour la Paix et c’est pour cela que nous défendons la Démocratie. Comme femme et mère, nul ne peut mieux comprendre que moi l’importance de la paix pour le présent et le futur de nos enfants et de nos familles. Il est aussi vrai que le Sénégal est un pays de dialogue. Mais jamais dans l’histoire du pays, un Président n’a appelé au dialogue dans de telles conditions de répression. En réalité le Président Macky Sall ne cherche pas à dialoguer, il cherche plutôt à manœuvrer pour faire passer sa troisième candidature avec la duplicité du PDS qui a un doigt dans l’opposition et les neufs autres chez le Président Macky Sall.
Aussi, nous lançons un appel à tous les jeunes, les femmes, les hommes, les leaders d’opinion, les syndicats, les associations afin qu’ils rejoignent et renforcent le combat des démocrates, de la Plateforme des Forces Vives F24 afin de défendre nos acquis démocratiques, de défendre la Constitution et d’imposer l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives.
Dakar, le 1er mai 2023