Les plus récents

Moussa Faye, patron de la chaîne digitale Challenge New Media (CNM)

Challenge relevé

Moussa Faye est  un passionné des médias. Normal pour quelqu’un titulaire d’un diplôme en Journalisme Communication. Depuis deux décennies, il se meut dans le secteur des médias. Son expérience avec le magazine Clarté a fait long feu. Il a eu à investir aussi dans l’impression numérique et le financement des jeunes sans remboursement. Il est le patron de la chaîne digitale Challenge New Media (CNM) qui a démarré ses programmes depuis quatre ans. Aujourd’hui le challenge semble être relevé avec CNM qui fait son petit bonhomme de chemin malgré les difficultés de la télévision digitale.

Yoor-Yoor Bi : Vous êtes dans le secteur des médias depuis une vingtaine d’années pourquoi avoir choisi un tel secteur en tant qu’investisseur ? 

Moussa Faye : On est dans le secteur des médias comme vous venez de le dire depuis pratiquement une vingtaine d’années et aujourd’hui nous avons choisi d’entrer dans la télévision particulièrement dans la télévision digitale. C’est un choix personnel bien réfléchi parce que je me suis dit que, en un moment, il faut changer de paradigme. La télévision classique a tendance à disparaitre aujourd’hui dès l’instant que les personnes suivent les informations sur leur smartphone. Et j’ai pris la décision d’investir dans le secteur en y injectant beaucoup de moyens afin de mettre en place une télévision digitale digne ce nom.

Vous avez investi dans la presse écrite de façon éphémère et maintenant vous êtes dans la télévision digitale. Pourquoi avoir pris des risques pour investir dans un secteur plein de contraintes ?

Pourquoi j’ai choisi d’investir dans la télévision digitale ? Il y a beaucoup de raisons mais je vais en citer quelques bonnes. D’abord, comme je viens de le dire, il faut changer de paradigme. Aujourd’hui, la plupart des gens utilisent leur smartphone pour s’informer et regarder la télévision. Je me suis dit que je vais faire de la télévision mais en permettant aux gens d’y accéder directement avec leur smartphone. Ensuite, j’estime qu’on ne peut pas faire plus que ce que les autres chaines de télévision ont fait dans l’espace médiatique mais je crois que modestement je peux y contribuer en apportant une touche nouvelle. C’est pourquoi j’ai investi dans ledit domaine nonobstant les contraintes. Aujourd’hui ma chaine télé digitale CNM (Challenge New Media) a apporté quelque chose de nouveau dans le secteur télévisuel et aujourd’hui je pense que mon option commence à faire des émules parce que véritablement CNM est devenu une réalité incontournable dans l’espace médiatique.

Quelles sont vos points de satisfaction depuis que CNM est dans le champ médiatique ?

L’idée d’une télé digitale a été bien perçue et reçue par les Sénégalais en général. Depuis que j’ai lancé CNM, la télévision est maintenant accessible depuis la rue. C’est-à-dire qu’on a permis aux Sénégalais de suivre la télé en direct où ils veulent et quand ils veulent. Lors de notre première année d’existence, on a sorti la télévision dans la rue pendant le Ramadan plus précisément à l’esplanade de Score Liberté. Et je salue par l’occasion Boubacar Diallo alias Dj Boubs par son ouverture d’esprit, de partage et de collaboration. Quand j’ai lancé la chaine CNM, j’ai eu l’idée de faire des plateaux en direct dans l’espace public notamment à Score Liberté afin de permettre au public de voir ce qui se passe dans les studios de télévision. Alors j’avais fait une proposition de partenariat à ITV. Boubacar Diallo a bien accueilli l’idée et nous avons publiquement partagé les plateaux pendant un mois. Ce furent de vrais moments de communion et partage. Le public suivait en direct ce qui se passait sur la chaine et on lui offrait un « ndogou » copieux à chaque rupture de jeune pendant tout le mois de Ramadan. Cela a fait la publicité de la chaine et depuis lors on a remarqué que nos abonnés ne cessent d’augmenter. Donc les Sénégalais ont vite adopté ce bébé médiatique qui aujourd’hui aborde en toute sérénité sa phase d’adolescence.

Quelles sont les difficultés du secteur ?

Les difficultés, il y en a. Dans toute entreprise, il y a des difficultés. Quand on diffuse sur YouTube des clips d’artistes, on est assez bloqué à cause des droits d’auteur. Je pense que c’est le moment de dire d’ailleurs aux artistes et aux musiciens de venir travailler avec nous. Les images des clips sont cryptées. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui tout contenu diffusé est acheté et payé. Si on veut avoir du contenu d’un artiste, on est obligé de l’inviter sur nos plateaux et lui proposer de faire un live. Et c’est à partir de ce moment seulement qu’on pourra diffuser le contenu. Je pense que les artistes n’ont pas réellement connaissance des opportunités que les chaines digitales offrent. Donc aujourd’hui ils peuvent venir chez nous et on les paye pour des prestations en live. L’une des principales revendications des artistes, c’est qu’ils ne perçoivent pas les droits d’auteurs ou difficilement. Or avec nous, détenteurs de chaines digitales, ils perçoivent d’abord avant de produire. Autre difficulté dans le secteur, c’est la floraison des chaines digitales. Aujourd’hui toute personne peut se lever avec son smartphone et diffuser en direct sur YouTube. Donc non seulement nous sommes concurrencés par les télévisions classiques mais aussi par tout individu qui le désire. Cela nous fait réfléchir et nous renforce dans l’idée de beaucoup travailler sur la qualité des contenus parce que je dis très souvent que la réussite d’une télévision, c’est seulement le contenu. Si le contenu est bon, quelle que soit la plateforme de diffusion, les gens vont regarder parce que le contenu va les intéresser. Donc le challenge, c’est cela. Par rapport aux sponsors, nous rencontrons des difficultés pour bénéficier de leur partenariat parce qu’ils n’ont pas l’habitude de travailler avec les chaines digitales mais avec les médias mainstream. Aujourd’hui cela commence à changer. Il faudra du temps, mais on est patient. On prendra tout le temps qu’il faudra pour que les gens puissent nous rejoindre dans nos options.

On a vu que CNM a ouvert la voie dans le champ digital et d’autres aussi sont en train de suivre. Qu’est-ce que cela représente pour vous en tant que pionnier dans ledit domaine ?

Quand on a eu l’idée de lancer une télévision digitale, on avait trouvé des chaines digitales quasi-inactives. Mais quand on s’est lancé, on a remarqué que pas mal de gens ont relevé le niveau de leurs plateaux. C’est bon pour la concurrence et pour les internautes. Bien de chaines digitales ont relevé le niveau de leurs émissions. C’est une bonne chose pour l’émulation médiatique. C’est cela la marche d’une nation ! Le grand motif de satisfaction qu’on a, c’est de savoir que ce qu’on a fait et ce qu’on est en train de faire font bouger positivement le secteur.

Pouvez-vous nous indiquer la ligne éditoriale de CNM ?

CNM, c’est une télévision digitale généraliste. On traite de toutes les informations mais on essaye d’être le plus équilibré possible. Aujourd’hui, aucun dirigeant de la CNM n’intervient dans la rédaction pour infléchir sur la ligne d’un journaliste. Les journalistes conduisent leur rédaction à leur guise mais dans les normes requises par la profession. Nous sommes à équidistance des chapelles politiques et religieuses. Le jour où il y aura des dérives par inadvertance, nous allons assumer les conséquences qui vont en découler. Comme vous le savez, nous exerçons un métier à risque. Donc pour dire, in fine, qu’aucune orientation n’est donnée aux journalistes. Ils ont la latitude d’inviter qui ils veulent, de traiter les sujets qu’ils veulent et en toute responsabilité professionnelle.

Certains disent qu’il y a des personnalités qui sont derrière cette télévision.  Pouvez-vous nous confirmer ou infirmer ?  

Non, il n’y a aucune autorité ou personnalité derrière ce projet. De tels propos, je les ai entendus depuis le lancement de CNM. Ce ne sont que des affabulations ! Personne, je dis bien personne au Sénégal ou ailleurs dans le monde n’a mis un seul franc dans ce projet qui est mien. Je l’ai réalisé avec mes propres moyens et je défie quiconque de dire le contraire avec des preuves.

Quel est votre mot de la fin 

Le mot de la fin, c’est remercier mes collaborateurs parce que ce n’était pas évident. Nous avons démarré la chaine avec des novices, avec des personnes qui n’ont jamais fait la télé et qui n’en avaient aucune idée. On les a formés pendant pratiquement six mois pour pouvoir les présenter au public. Les techniciens qui n’ont jamais, eux non plus, fait la télé, ont fait la formation chez nous pendant un moment. Aujourd’hui, ils sont en train de nous donner satisfaction. Donc chapeau à ces jeunes qui me font confiance et qui font confiance au projet ! Je les remercie vraiment, je remercie les internautes aussi qui suivent nos programmes à longueur de journée et qui l’apprécient diversement. Aujourd’hui CNM est une réalité médiatique. Les gens nous suivent, nous regardent, s’intéressent à ce que nous faisons. Nous nous devons de les remercier. Je dis que le milieu médiatique est un espace ouvert où tout le monde peut trouver son compte. Il faut juste que les entrepreneurs sénégalais sachent que c’est dans la collaboration et dans les grands ensembles qu’on réussit à faire de grandes choses. CNM est ouvert à toutes les structures notamment les chaines de télévisions qu’elles soient digitales ou classiques. Nous sommes ouverts à toute forme de collaboration win-win parce que, encore une fois, j’estime qu’il faut de grands ensembles pour matérialiser les grands projets. Je remercie aussi particulièrement des personnes comme Bougane Guèye Dani. Quand je démarrais ce projet, j’ai fait de lui mon parrain pour son parcours, pour tout ce qu’il a réussi à faire dans le milieu médiatique. C’est une fierté pour moi de le choisir comme parrain.

Propos recueillis par Serigne Saliou Guèye

Latest Posts

spot_imgspot_img

A lire aussi

NEWSLETTER

Ne ratez pas nos novelles, inscrivez-vous à la lettre d'information electronique.