Le Sénégal traverse un moment politique délicat, un moment où les tensions entre le Président de la République et le Premier ministre semblent prendre le pas sur les urgences nationales. Dans un contexte économique fragile, dans une société déjà éprouvée, ce bras de fer inquiète, interroge et fatigue un peuple qui n’aspire qu’à une chose : la stabilité.
Aujourd’hui, le Sénégal a besoin de sérénité.
Il a besoin d’ouverture.
Il a besoin d’un leadership lucide et responsable.
Je voudrais rappeler au Président de la République une vérité simple, mais essentielle : s’il est arrivé au sommet de l’État, c’est aussi et peut-être surtout grâce au choix du Premier ministre. Ce dernier, en demandant aux Sénégalais de lui accorder leur confiance, a mis son poids politique, moral et symbolique dans la balance. C’est cette alliance, cette cohérence, qui a permis l’adhésion populaire.
Ce rappel n’est pas une attaque. C’est un appel à l’humilité.
Un appel à se souvenir du chemin parcouru et de ceux qui y ont laissé leur vie.
De la même manière, je voudrais dire au Premier ministre qu’en choisissant le Président pour conduire le pays, il s’était appuyé sur des critères objectifs : la personnalité, les capacités intellectuelles, la compétence managériale, mais aussi la relation humaine qui les liait.
Ce choix n’était pas un hasard.
Ce choix n’était pas une improvisation.
Mais aujourd’hui, il doit se rappeler d’une chose fondamentale : il n’a plus en face de lui un ami, un petit frère ou un protégé. Il a en face de lui le Président de la République. Et cela demande une posture d’État, un sens du dépassement, une capacité à mettre de côté l’affect pour le bien collectif.
Le pays ne peut plus se permettre d’être pris en otage par des ego, des malentendus, ou des logiques de pouvoir.
Nous vivons une période extrêmement difficile :
économiquement, les ménages souffrent, les entreprises peinent, les perspectives inquiètent ;
socialement, les divisions s’installent, les tensions s’exacerbent, les frères deviennent adversaires.
Ni le Président, ni le Premier ministre n’ont le droit de laisser ces fractures se creuser. Ils ont l’obligation morale, politique et historique de travailler ensemble, de se parler, de se comprendre, même dans la divergence.
Je leur demande, humblement mais fermement, de taire leurs égos.
Je leur demande de faire l’impossible pour rester unis.
Je leur demande de se rappeler qu’ils ne sont pas au service d’eux-mêmes, mais au service du Sénégal
Nous devons retrouver le chemin du dialogue, du pardon, de la mesure.
Nous sommes un peuple de teranga, un peuple de paix, un peuple de dialogue.
Nous avons tous, dans notre diversité, des liens de parenté, d’histoire, de destin. Les choix politiques, les divergences idéologiques ne doivent pas nous faire oublier que nous formons une seule nation :
Nous n’avons pas le droit de détruire ce que nos aînés ont construit avec patience et sagesse. Nous n’avons pas le droit de laisser la politique abîmer notre vouloir-vivre ensemble.
Le Sénégal mérite mieux que des querelles au sommet.
Le Sénégal mérite des dirigeants qui se parlent.
Il mérite des citoyens qui se respectent.
Il mérite une nation qui avance dans l’union des cœurs.
Que chacun prenne sa part.
Que chacun fasse un pas vers l’autre.
Et que, main dans la main, nous relevions la tête pour écrire un avenir à la hauteur de nos valeurs


