Au sein du paysage politique sénégalais, le député Matar Diop se trouve au centre d’une controverse alimentée par des allégations visant à discréditer le leader de l’opposition, Ousmane Sonko. Ces accusations, qualifiées de stratégie visant à détourner l’attention du candidat Amadou Ba de Benno, taxé de « fonctionnaire milliardaire » par l’opposition, suscitent de vives réactions.
Malgré le scepticisme entourant les déclarations de Matar Diop, certains demandent la présentation de preuves tangibles, notamment une présumée lettre de Sonko sollicitant la protection du chef de l’État Macky Sall. L’absence d’une telle preuve suscite des interrogations quant à la crédibilité de l’accusation, certains considérant qu’une plainte de Sonko contre Matar Diop ne clarifierait pas nécessairement la situation pour les Sénégalais.
Les accusations, portées à l’hémicycle et soutenues par le gouvernement, bénéficient d’une protection parlementaire pour Matar Diop. Cependant, ces attaques ne sont pas sans rappeler d’autres controverses passées, telles que les accusations antérieures de Sory Kaba et les affaires liées à Tullow Oil. Certains estiment que Matar Diop, en cherchant à nuire à Sonko, ravive un débat dépassant les frontières nationales en opposant la communauté européenne aux pratiques de l’islam au Sénégal.
Le journaliste Mansour Cissé met en lumière le contexte historique de telles accusations au Sénégal, citant l’exemple de 1988 où le président Abdou Diouf avait accusé Abdoulaye Wade de recevoir des fonds de la Libye. Ces allégations, selon Cissé, ont souvent été utilisées comme des outils politiques à l’approche des élections.
Mansour Cissé exprime également son indignation quant à la manière dont le Mouridisme est impliqué dans le débat. Il souligne la résistance de la religion musulmane et de la ville sainte de Touba contre l’homosexualité, affirmant que ces aspects sont délibérément ciblés par le commanditaire de l’article.
Serigne Saliou Gueye, journaliste et chroniqueur à Sen TV, soulève des questions sur la crédibilité de l’article de Canal Enchaîné. Il note l’absence de signatures des journalistes de la rédaction, attribuant l’article à un pseudonyme, GC, créé par la rédaction. Gueye rappelle une situation similaire en 2019 avec l’affaire Tullow Oil, soulignant que ces stratégies visent à divertir l’opinion publique.
Pour Gueye, l’article vise également à réduire au silence les détracteurs d’Amadou Ba, qualifié de fonctionnaire milliardaire. Il estime que la publication du 7 juin 2023 a propulsé Matar Diop sous les feux des projecteurs malgré son statut de député et conseiller municipal. Gueye défend Matar Diop en affirmant que ce dernier n’a aucun lien avec l’affaire et que ses accusateurs ont simplement changé de stratégie en utilisant un parlementaire comme intermédiaire.
La société civile, invitée par certains hommes politiques et acteurs de la presse, rejette l’affaire comme un « faux débat ». Elle estime que les Sénégalais ont un besoin plus pressant : la divulgation des résultats des enquêtes sur la gestion des fonds liés à la lutte contre la COVID-19.
Thiat du mouvement citoyen Y’en a Marre voit dans cette affaire une attaque directe contre les chefs religieux, notamment Serigne Mountakha Mbacké de Touba. Il met en garde contre la possibilité que des motifs politiques sous-tendent ces accusations, pointant du doigt des intérêts étrangers et soulignant la nécessité de ne pas accorder de crédit à ce débat, qu’il considère comme une perte de temps.