Selon des révélations d’Africa Intelligence, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a subi un important revers diplomatique lors du sommet de la CEDEAO tenu à Abuja le 22 juin dernier. Alors qu’il espérait être désigné président en exercice de l’organisation régionale, le poste a finalement été attribué au Sierra-Léonais Julius Maada Bio, provoquant la colère du chef de l’État sénégalais.
Africa Intelligence rapporte que Diomaye Faye n’avait pas anticipé ce scénario, convaincu que la présidence lui avait été promise. Il a vivement contesté la décision, arguant que le poste devait revenir à un chef d’État francophone, et que le critère alphabétique plaçait logiquement le Sénégal devant la Sierra Leone. Mais ses homologues ont soutenu le Sierra-Léonais, invoquant son ancienneté (élu en 2018) et le fait qu’il s’agissait de sa dernière opportunité d’exercer ce mandat.
Le huis clos a été marqué par de vives tensions, aggravées par le soutien inattendu de Patrice Talon à Maada Bio, alors qu’il était le seul président francophone présent aux côtés de Faye. En amont du sommet, Alassane Ouattara avait tenté de rallier des soutiens pour la candidature sénégalaise, mais son absence, tout comme celle de Faure Gnassingbé, a laissé Diomaye sans appui visible à Abuja.
Toujours selon Africa Intelligence, ce camouflet s’inscrit dans une série d’échecs diplomatiques récents pour le président sénégalais, notamment la défaite d’Amadou Hott à la présidence de la BAD, et l’échec à faire revenir les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) dans le giron de la CEDEAO. La diplomatie sénégalaise, marquée par une forme de dualité entre la présidence et la primature, peine à imposer une ligne claire, ce qui alimente la confusion chez les partenaires internationaux.
Ce revers, que Bassirou Diomaye Faye a refusé de voir adouci par un compromis mentionnant une future présidence sénégalaise, pourrait laisser des traces dans ses relations régionales. Pour Africa Intelligence, le jeune chef d’État découvre ainsi « la réalité de la CEDEAO », souvent décrite comme un « syndicat de chefs d’État ».
