Dakar, le 11 juin 2025 – Le Sénégal enregistre une victoire diplomatique et financière de taille. Ce 10 juin 2025, la Commission européenne a acté le retrait officiel du pays de sa liste noire des juridictions à haut risque en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Une décision saluée aussi bien par les autorités sénégalaises que par les partenaires économiques.
Une reconnaissance des réformes structurelles
Inscrit sur cette liste depuis plusieurs années, le Sénégal a entrepris, dès 2021, une série de réformes législatives, réglementaires et institutionnelles pour se conformer aux standards internationaux en matière de lutte contre les flux financiers illicites. La Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), les juridictions spécialisées et les organes de supervision ont vu leurs capacités renforcées.
Ce travail de fond, accompagné par des partenaires techniques comme le GAFI (Groupe d’action financière) et la Banque mondiale, a permis au Sénégal de répondre aux principales recommandations en matière de transparence financière.
Des retombées concrètes et immédiates
Le retrait de cette liste noire n’est pas qu’un symbole. Il aura des impacts directs et positifs sur l’économie sénégalaise :
- Assouplissement des règles bancaires : les banques et institutions financières européennes ne seront plus tenues de renforcer les contrôles sur les opérations en provenance ou à destination du Sénégal.
- Attractivité accrue pour les investissements : une juridiction considérée comme conforme inspire davantage confiance aux investisseurs étrangers, qu’ils soient institutionnels ou privés.
- Intégration financière facilitée : le Sénégal peut désormais mieux accéder aux marchés internationaux et mobiliser des financements à des conditions plus favorables.
Une crédibilité retrouvée sur la scène internationale
À travers cette décision, l’Union européenne envoie un signal fort : le Sénégal est désormais un partenaire fiable dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. C’est également une reconnaissance de la volonté politique affichée par les autorités sénégalaises pour assainir l’environnement économique et financier du pays.
Pour nombre d’observateurs, cette avancée pourrait marquer un tournant dans les relations économiques entre le Sénégal et ses partenaires internationaux, notamment dans le contexte d’une relance économique post-COVID et de la montée en puissance du secteur extractif.
Vers une vigilance soutenue
Si cette sortie de la liste noire constitue une victoire, les autorités sénégalaises savent qu’elle ne doit pas conduire à un relâchement. Le maintien des standards élevés en matière de surveillance financière reste une nécessité pour consolider les acquis.
En somme, cette décision consacre les efforts d’un pays en pleine mutation, soucieux de se conformer aux exigences de transparence et de bonne gouvernance. Le Sénégal peut désormais envisager son avenir économique avec davantage de sérénité et de crédibilité.
Elhadji Fallou Khouma est journaliste à CNM TV et spécialiste des questions politiques et économiques
