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Sénégal : un modèle démocratique résilient

En vertu de l’article 63 de la Constitution, le Président de la République a saisi l’Assemblée nationale pour l’ouverture d’une session extraordinaire aux fins de dissoudre le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) et le Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT). Le débat fait rage depuis sur l’impair du chef de l’État qui n’aurait pas pour certains le droit de choisir la date d’une session extraordinaire. Pour d’autres, c’est l’opportunité même de la dissolution de ces deux institutions qui pose question. Une troisième frange dans le débat public évoque l’usage plus approprié du référendum au lieu d’une modification constitutionnelle via le Parlement.
Tous ces débats entre juristes, politiciens et membres de la société civile animent le débat public avec des opinions contradictoires. Ce qui est salutaire, en dépit des circonvolutions et des postures, est qu’au Sénégal contrairement à nombre de pays voisins, on débat au sujet de la marche du pays. Au Mali, ce sont les armes qui ont arbitré le conflit politique en 2020. Le pays est en transition illimitée depuis et après deux putschs, c’est la dictature militaire qui prend forme. Au Burkina, sur fond de débat sécuritaire, le putsch de Paul-Henri Damiba puis celui de Ibrahim Traoré. Depuis, le pays est une autocratie avec des violations quotidiennes des droits humains et des massacres de civils sans que l’État ne puisse y mettre un terme. Au Niger, c’est sur la gestion du cas des djihadistes, notamment le prétexte de la politique de négociation du Président Bazoum que Abdourahamane Tiani et une clique de mutins ont arraché le pays. En Guinée, un ancien légionnaire a mis un terme au débat sur la légitimité du 3ème mandat que s’est arrogé Alpha Condé en prenant le pouvoir. Personne ne sait quand la transition du colonel Doumbouya prendra-t-elle fin.

Dans ces pays voisins, l’armée a arbitré les conflits politiques et interrompu le cycle naturel de la démocratie. Au Sénégal, de 2021 à 2024, les conflits politiciens furent quasi quotidiens mais l’armée est restée dans les casernes laissant le soin à la société politique de se réguler elle-même. Ce choix stratégique a abouti à un scrutin libre, transparent et démocratique le 24 mars dernier. Comme quoi le Sénégal reste une exception démocratique dont la résilience traverse les décennies depuis l’indépendance. Dans le pays, c’est à l’Assemblée et sur les plateaux télé et les studios de radio que les gens expriment leur avis dans la paix.
Ce modèle devrait être préservé et renforcé pour atteindre les meilleurs standards internationaux.
Ce modèle a montré son succès loin des fantasmes morbides de certains pays ayant choisi la voie du pouvoir militaire avec son lot d’incertitudes.

Salif Sow

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