En marge de sa tournée sous-régionale, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a rencontré à Abidjan l’ex-président Laurent Gbagbo. Une visite non inscrite dans l’agenda officiel, qui a fortement irrité le président ivoirien Alassane Ouattara, selon Le Quotidien
Une rencontre surprise qui dérange
La scène s’est déroulée en toute discrétion, mais ses effets se sont rapidement fait sentir dans les hautes sphères du pouvoir ivoirien. En visite officielle en Côte d’Ivoire dans le cadre d’une tournée diplomatique ouest-africaine, Ousmane Sonko a effectué une halte inattendue chez Laurent Gbagbo, ancien chef de l’État ivoirien. Une rencontre à caractère privé, mais à haute portée symbolique.
Ce geste, posé sans coordination avec les autorités ivoiriennes, a été perçu comme un affront par le président Alassane Dramane Ouattara. D’après les informations de Le Quotidien, ce dernier aurait exprimé une « vive colère » face à ses services diplomatiques, les accusant de n’avoir ni anticipé ni empêché une rencontre qui, selon lui, fragilise le protocole d’État.
Ouattara pris de court
Ni le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé ni le ministère des Affaires étrangères n’avaient été informés de la visite. Ce silence entourant l’initiative d’Ousmane Sonko a été vécu comme un « couac diplomatique » à Abidjan, où les rapports avec Laurent Gbagbo restent tendus, notamment en raison de son exclusion controversée des listes électorales.
S’il n’y a eu aucune réaction publique du palais présidentiel, des sources proches du pouvoir ivoirien confient que cet épisode a laissé un goût amer. En filigrane : la crainte que le Premier ministre sénégalais affiche un soutien tacite à Gbagbo, au mépris des équilibres internes ivoiriens.
Une démarche politique assumée ?
Côté sénégalais, le silence est total. Aucun communiqué de la Primature ni du ministère des Affaires étrangères n’a été publié sur cette visite. Mais pour les observateurs, Ousmane Sonko, connu pour ses positions panafricanistes tranchées, a peut-être voulu envoyer un signal politique en rencontrant une figure historique de la souveraineté africaine.
En s’entretenant avec Laurent Gbagbo, le Premier ministre du Sénégal s’affiche peut-être comme un acteur régional indépendant, en rupture avec certaines pratiques diplomatiques classiques. Ce geste pourrait renforcer son image auprès d’une jeunesse africaine en quête de nouveaux repères, mais risque aussi de tendre les relations entre Dakar et Abidjan.
Une diplomatie de rupture ?
Alors que la CEDEAO traverse une crise profonde, et que les équilibres géopolitiques de la sous-région sont en pleine recomposition, la visite de Sonko pourrait marquer un tournant. Entre diplomatie parallèle et affirmation d’une nouvelle vision panafricaine, le Premier ministre sénégalais semble vouloir imprimer sa marque. Reste à savoir à quel prix.