La sortie musclée du Premier ministre Ousmane Sonko, en Conseil des ministres et lors de son intervention d’hier concernant le refus de visas aux Lionnes du basket, continue de faire des vagues. Si certains y ont vu une prise de position ferme contre une injustice diplomatique, d’autres, comme Thierno Alassane Sall, y perçoivent un dangereux glissement vers un discours populiste à haut risque.
Dans un message publié ce vendredi sur ses réseaux sociaux, le leader du parti République des Valeurs (Rv) a mis en garde contre les conséquences de ce qu’il qualifie de « déclarations populistes ». Selon lui, ces prises de position, bien que saluées par les partisans du chef du gouvernement, peuvent avoir un coût diplomatique et financier élevé pour le Sénégal.
Un avertissement sur le plan économique
« Le Premier ministre Ousmane Sonko doit savoir que ses déclarations populistes, destinées à nourrir le fanatisme de ses thuriféraires, peuvent avoir des conséquences graves pour notre pays », a écrit Thierno Alassane Sall. Il alerte notamment sur l’image du Sénégal auprès des institutions financières internationales, affirmant que la cote de confiance du pays se détériore, ce qui entraîne une hausse des taux d’intérêt sur les emprunts souverains.
Une critique sur le fond et la forme
L’ancien ministre estime que le chef du gouvernement ne semble pas mesurer l’impact potentiel de ses propos vis-à-vis de l’administration américaine. « Comme si cela ne suffisait pas, le voilà qui appelle au gatsa-gatsa avec Donald Trump. En mesure-t-il seulement les conséquences désastreuses pour le Sénégal et les nombreux Sénégalais vivant aux États-Unis ? », s’interroge-t-il.
Une leçon de diplomatie
Pour Thierno Alassane Sall, la diplomatie nécessite retenue, méthode et sens des responsabilités. Il estime que l’expression « gatsa-gatsa », utilisée par Ousmane Sonko pour marquer son agacement face au traitement des Lionnes, est inadaptée dans le cadre des relations internationales.
« En diplomatie, on se fait respecter sans exposer ses émotions au grand public. Le gatsa-gatsa n’y a pas sa place », tranche-t-il.
Une tension politique assumée
Cette critique s’inscrit dans un contexte où les rapports entre Ousmane Sonko et une partie de la classe politique restent tendus, notamment avec des figures de l’opposition républicaine. Le Premier ministre, connu pour son franc-parler, n’a pas encore réagi à cette interpellation directe, mais ses déclarations précédentes traduisent une volonté affichée de rupture avec les méthodes diplomatiques traditionnelles.
Entre posture nationaliste et avertissements institutionnels, le débat autour du style Sonko ne fait que commencer.