Un réseau d’influence mêlant affaires, politique et faux documents menace l’avenir de la chaîne Africa 7, dont les propriétaires dénoncent une tentative de spoliation orchestrée en coulisses.
L’univers médiatique sénégalais est secoué par une affaire de vente frauduleuse de la licence de diffusion de la chaîne privée Africa 7, un dossier explosif où se mêlent manipulations documentaires, intérêts politiques et appétits financiers.
Une vente de licence douteuse
Au cœur de l’affaire, Alioune Ndiaye, un ancien collaborateur de la chaîne, est accusé d’avoir illégalement cédé des papiers relatifs à Africa 7 à Amadou Ndiaye, entrepreneur et fils de l’homme politique Serigne Mbacké Ndiaye. Selon des sources concordantes, Amadou Ndiaye, réputé proche du président de l’Assemblée nationale El Malick Ndiaye, aurait bénéficié de cette “cession” sur fond de proximité avec certains cercles du pouvoir.
Des faux papiers remis à des autorités ?
Les documents en question, qui porteraient à tort l’identité d’Africa 7, auraient été transmis directement au Premier ministre Ousmane Sonko ainsi qu’à El Malick Ndiaye, dans une tentative de légitimer l’opération. Si l’authenticité de ces papiers est d’ores et déjà contestée, leur présentation à des autorités de l’État soulève de sérieuses interrogations sur une possible instrumentalisation de l’appareil étatique.
Les vrais propriétaires haussent le ton
Face à cette manœuvre, les propriétaires légitimes de la chaîne, Moussa Faye et Oumou Wane, sont formels : « Nous ne vendons pas de licence. » Leur refus catégorique n’a pourtant pas dissuadé les auteurs de la tentative de prise de contrôle. Selon les informations recueillies, un forcing est en préparation, visant à mettre la main sur les installations ou à obtenir une reconnaissance institutionnelle, en dépit du caractère frauduleux de l’opération.
Une affaire déjà portée devant la justice
La situation est d’autant plus préoccupante que Alioune Ndiaye fait déjà l’objet de plusieurs plaintes, notamment pour avoir indûment vendu des parts ou des titres de la chaîne à divers individus, parfois à des montants exorbitants. Le dossier pourrait rapidement évoluer vers des poursuites pénales, tant les accusations sont lourdes : faux, usage de faux, tentative d’escroquerie et usurpation de propriété intellectuelle.
Une atteinte grave à la liberté de la presse ?
Au-delà de l’enjeu commercial, cette affaire met en lumière un phénomène plus large de tentatives de mise sous tutelle des médias privés par des réseaux mêlant affaires, politique et pouvoir. L’affaire Africa 7 pourrait ainsi devenir emblématique de la lutte pour l’indépendance de la presse dans un contexte de reconfiguration des équilibres institutionnels.