Les plus récents

Visite de Sonko à Abidjan : une mission de rattrapage géopolitique ?

Dans une analyse percutante publiée ce week-end, Moussa Diakhaté, président du mouvement Nouvel Élan Libéral (NEL), politiste et doctorant en diplomatie, interprète la visite du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko à Abidjan comme une opération de réalignement stratégique plutôt qu’une simple visite diplomatique. Pour lui, ce déplacement marque une reconnaissance implicite de la réalité du pouvoir en Afrique de l’Ouest.

🇸🇳➡️🇨🇮 De la rhétorique à la réalité

« Le temps est le meilleur juge », écrit Moussa Diakhaté en introduction, soulignant que le discours souverainiste brandi par Ousmane Sonko pendant des années semble aujourd’hui rattrapé par la rigueur du pouvoir d’État. Le chef du gouvernement, arrivé le jeudi 29 mai à Abidjan, aurait, selon lui, troqué les slogans contre une posture plus réaliste, dictée par les contraintes économiques : déficit budgétaire, tensions sociales latentes, perte de confiance des bailleurs.

« Les slogans ne paient pas les fonctionnaires, les tweets ne construisent pas les routes, les incantations n’attirent pas les investisseurs », assène Diakhaté.

🧭 Leçon de géopolitique appliquée à Abidjan

La visite du Premier ministre s’inscrit dans un contexte de fragilité stratégique pour le Sénégal, tiraillé entre son positionnement dans la CEDEAO et les courants souverainistes de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger). Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire, elle, trace méthodiquement sa voie régionale.

L’épisode récent de l’élection à la tête de la Banque Africaine de Développement (BAD) est cité comme révélateur : pendant que Dakar proposait son candidat, Abidjan soutenait discrètement la Mauritanie, infligeant un revers cinglant au Sénégal. Un signal fort que le leadership se construit dans la stratégie, non dans la posture.

🏛️ L’école ivoirienne de la puissance douce

Diakhaté dresse un portrait flatteur d’Abidjan, devenue à ses yeux le centre de gravité de l’Afrique de l’Ouest : siège de la BAD, pôle d’infrastructures modernes, point d’ancrage des multinationales. Une ville qui a su dominer le système, là où d’autres ont voulu le rejeter.

« La Côte d’Ivoire ne s’est pas retirée du système, elle l’a dominé », résume-t-il.

Face à cela, l’axe AES s’enlise. Bamako tangue, Ouagadougou s’isole, Niamey vacille. La rhétorique anti-française et les alliances conjoncturelles n’ont pas, selon lui, apporté les résultats escomptés : ni souveraineté réelle, ni sécurité, ni croissance.

🤝 Une visite sobre, mais stratégique

Le jumelage entre Bouaké et Ziguinchor a pu offrir une dimension symbolique à la visite, mais pour Diakhaté, le véritable enjeu de ce déplacement se jouait loin des caméras, dans les coulisses du pouvoir, où Sonko aurait pris la mesure du nouveau centre de gravité régional.

« Ce n’est pas une rencontre entre deux villes, mais une tentative de réancrage du Sénégal dans la réalité ouest-africaine », affirme-t-il.

🧠 Une rupture idéologique en cours ?

L’auteur entrevoit un virage. Le Premier ministre Sonko serait devenu plus prudent, plus mesuré, plus conscient des rapports de force réels. Le temps de la posture révolutionnaire ferait place à celui de la gouvernance pragmatique.

« L’Afrique ne se construit pas sur YouTube ni sur les chaînes russes, mais dans les centres de décision économiques », rappelle Moussa Diakhaté, en appelant les panafricanistes exaltés et autres trolls pro-russes à se confronter à la réalité.

🔚 Conclusion : une visite qui en dit long

La visite de Sonko à Abidjan serait donc, selon cette analyse, moins un acte de soumission qu’un geste de lucidité politique. Une manière de reconnaître la force tranquille d’un pays qui a su asseoir son leadership sans fracas, sans cris, mais avec méthode et patience.

« Mieux vaut tard que jamais », conclut Diakhaté, avant de souhaiter une bonne fête de Tabaski.

Latest Posts

spot_imgspot_img

A lire aussi

NEWSLETTER

Ne ratez pas nos novelles, inscrivez-vous à la lettre d'information electronique.